Le directeur de Montpellier Danse Jean-Paul Montanari souhaite regrouper son festival à celui de Radio France et au Printemps des Comédiens en un Festival d'Avignon, façon montpelliéraine. Il l'a dit à Télérama. Quid de l'avenir de la danse contemporaine à Montpellier ?
33 ans qu'il dirige ce festival de danse contemporaine de renommée nationale. Jean-Paul Montanari incite cependant le maire de Montpellier, Philippe Saurel, à fusionner les trois célébrations culturelles de la ville : le Festival de Radio France et Montpellier région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées (du 11 au 26 juillet), le Printemps des Comédiens (jusqu'au 10 juillet) et le Festival Montpellier Danse (qui se termine ce samedi 9 juillet). Selon une interview accordée à Télérama, Jean-Paul Montanari souhaite attribuer à la ville la "reconnaissance artistique" qu'elle mérite :
Montpellier mérite un vrai grand festival !
En continuant avec des arguments politiques : "aujourd'hui, dans la mesure où les compétences culturelles du département vont revenir en grande partie à la métropole, le moment est venu de revisiter leur histoire et de réfléchir à quelque chose comme 'Le Festival de Montpellier' à l'identique du 'Festival d'Avignon' ou du 'Festival d'Aix-en-Provence', avec des moyens de production renforcés. On y présenterait de la danse, mais aussi du théâtre, du cirque et même du lyrique". Là dessus, le chef de bal attend la réponse du maire de la ville, qu'il n'avait, pour rappel, pas soutenu pendant les municipales de 2014.
Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS-Cepel de Montpellier, et spécialiste de la culture sur la région, a décortiqué les dires de Montanari pour Libération : "redéfinir l’offre culturelle à l’échelle de la métropole a un sens, à condition que les cofinancements et la coopération prévalent sur la concentration des pouvoirs autour de la même personne."
Fin du festival, mort de la danse contemporaine ?
"Il n’y a pas de legs possible" confiait le directeur du Festival Montpellier Danse à Télérama. Par ses déclarations il prépare en fait son départ, qui menacerait selon lui les festivités : "Pendant trente-six ans, j'ai largement eu le temps de faire tout ce que j'avais à faire et envie de faire. Il n'y a rien à transmettre, personne ne peut le comprendre" continuait Jean-Paul Montanari.
"C’est comme s’il y avait un rétrécissement symbolique d’un projet à une personne" analyse le chercheur du CNRS. "Mais indépendamment du travail de Jean-Paul Montanari, Montpellier Danse, c’est aussi beaucoup d’équipes…" La décision ultime ne dépendra cependant pas du leader, s'est-il lui même déchargé : "Le président du conseil d'administration du festival décidera après mon départ."
Mais pour le magazine culturel Télérama, sa décision porte une ombre à la représentation de la danse contemporaine. Un avis en partie partagé par Jean-Paul Montanari, qui justifie son choix :
Cet art mettant au centre le corps et le désir qui fut porté par la génération post-68 n'intéresse selon moi plus personne"
Fréquentée par 10 000 personnes en 2015, et 12 000 pendant les "off" selon les Echos, et réunissant au total un budget de 1,2 million d'euros, la fête ne semble pourtant pas mal en point. En revanche, comme le souligne Emmanuel Négrier : "Réunir les festivals dans un même dispositif, dans un contexte où ce ne serait plus Jean-Paul Montanari qui porterait la danse, n’est pas sans risques pour le secteur chorégraphique."