Une femme et un homme réveillent les pas de danses de couples anonymes dans une obscurité bruyante et magnifiée. "Ad noctum" la dernière création du chorégraphe et plasticien Christian Rizzo, créé au Théâtre de la Vignette à Montpellier, travaille le duo populaire jusqu'au vertige.
Entamé dans le silence et dos-à-dos, ce pas de deux s'anime, comme guidé par un monolithe source de lumière, de son et d'images qui suspend le temps et l'espace. Les regards se font face, les corps s'effleurent et se touchent avec retenue.
"Ad Noctum" a été créé par le chorégraphe et plasticien Chistian Rizzo au Théâtre de La Vignette à Montpellier, à l'Université Paul Valéry en coopération avec le festival Montpellier Danse et le CCN. Les représentations se poursuivent jusqu'au 16 décembre.
Christian Rizzo, directeur du centre chorégraphique national (CCN) de Montpellier, explique être parti d'un "tango appris par coeur et désossé", jusqu'à y faire apparaître des traces de valse et de menuet, cette nouvelle chorégraphie ressuscite "les pas". Elle permet à l'écriture scénique d'être régie par la contradiction entre un point fixe et un mouvement de spirale, propres à la danse de couple.
L'obscurité célébrée
Second volet d'un triptyque entamé avec "D'après une histoire vraie", qui, en 2013, mettait en scène une danse collective masculine inspirée de la tradition turque, "Ad noctum" célèbre l'obscurité - du couple, de la vie, des idées.Les danseurs emblématiques Kerem Gelebek et Julie Guibert se livrent jusqu'à l'évanouissement à des cycles de tournoiements, sur un sol zébré de noir et blanc et dans un jaillissement de lumières, de sons, inspirés d'un lointain souvenir des nocturnes de Chopin, et d'images de synthèse.
Bientôt au Centre Pompidou
L'obscurité interrompt leurs gestes, mais du mouvement renaît sans cesse la lumière. Jusqu'à un final déroutant : le surgissement de deux corps gémellaires blancs. Rizzo, l'artiste aux multiples facettes qui se demande à 50 ans, "de quoi sa colonne est faite", a peut-être trouvé dans "Ad noctum" la réponse à la question qui le hantait en 1999, dans "100% Polyester". Dans ce "spectacle purement mécanique", des robes siamoises mues par un système de ventilation remplissaient des espaces dévolus en discothèques au "go-go dancers". Rizzo cherchait alors "les corps qui habitaient ces fantômes-là". Avec "Ad noctum" sans doute les a-t-il trouvés.Ce spectacle, c'est aussi l'occasion pour le Théâtre de la Vignette, un des quatre théâtres universitaires en France, de célébrer son nouveau label de "scène conventionnée", qui ne changera pas sa programmation mais lui permettra de proposer davantage de créations.
"Ad noctum" sera notamment à Paris au Centre Pompidou du 17 au 20 février 2016.