Michel Platini président de l'UEFA depuis 2007 et Joseph Blatter, président de la Fifa depuis 1998, ont été suspendus 8 ans de toute activité liée au football, a indiqué ce lundi 21 décembre 2015 la justice interne de la Fifa
Le couperet est tombé pour les deux maîtres de la planète football: Joseph Blatter, président de la Fifa depuis 1998, et Michel Platini, président de l'UEFA depuis 2007, ont été suspendus 8 ans de toute activité liée au football en raison du fameux paiement controversé de 1,8 million d'euros qui les lie.
La charge de corruption n'a pas été retenue contre les deux hommes par le tribunal interne de la Fifa, qui les juge coupables en revanche d'"abus de position", de "conflit d'intérêt" et de "gestion déloyale".
Platini écope par ailleurs d'une amende de 80.000 francs suisses (74.000 euros) plus élevée que celle de Blatter, 50.000 francs suisses (46.295 euros).
Les conséquences de ce verdict sont plus lourdes pour le Français, qui voulait se présenter à la présidence de la Fifa le 26 février, que pour le Suisse. A 79 ans, ce dernier n'aspirait qu'à présider son instance jusqu'à l'élection, puis passer la main.
Pour Platini, l'onde de choc est dévastatrice. A 60 ans, il était le mieux placé jusqu'ici pour devenir le prochain président de la Fifa. Le long circuit des appels, s'il les dépose, devant la chambre de recours de la Fifa, puis le TAS, ne lui en laissera sans doute pas le temps. Les candidatures doivent être enregistrées le 26 janvier au plus tard.
Platini pourrait saisir le TAS directement, mais il lui faudrait pour cela l'accord de la Fifa, ce qui paraît peu probable. Ce carton rouge empêche aussi Platini d'assister à titre officiel à "son" Euro, organisé chez lui en France du 10 juin au 10 juillet.
Un crève-coeur pour celui qui a fait du football sa vie, depuis ses années de joueur en culottes courtes à Joeuf en Meurth-et-Moselle en passant par trois Ballons d'Or, un Euro-1984 gagné, les années de gloire à laJuventus; jusqu'à l'administration du foot européen.
Comment en sont-ils arrivés là? Au coeur de dossier, il y a le versement contesté de 1,8 million d'euros en 2011 par Blatter à Platini, sans contrat écrit, pour un travail de conseiller achevé en 2002. Les deux hommes étaient pour cela déjà suspendus provisoirement jusqu'au 5 janvier, en attendant le jugement sur le fond.
Platini, qui a toujours clamé sa bonne foi, ne se faisait guère d'illusion.
"Je suis déjà jugé, déjà condamné"
a-t-il ainsi estimé dans une déclaration lue par ses avocats vendredi à Zurich devant les juges de la commission d'éthique de la Fifa. L'ancien meneur de jeu de l'équipe de France, dénonçant une manoeuvre pour l'empêcher de se présenter à la présidence de la Fifa, avait décidé de boycotter cette audience, laissant son avocat le défendre durant 9 heures.
Platini a toujours réfuté les accusations d'irrégularité pour le versement, qui correspond selon lui à un reliquat de salaire touché sur la base d'un contrat oral, un type d'engagement accepté en Suisse.
La double décision de lundi sonne comme le point d'orgue d'une année cauchemardesquepour la Fifa, cernée par les actions en justice de la Suisse et des Etats-Unis pour corruption à grande échelle.