La direction de Smart à Hambach (Moselle) va commencer à faire signer des avenants à ses salariés dès demain, jeudi 10 décembre. Un CCE avait lieu aujourd'hui sur le site mosellan, les syndicats ont émis un avis défavorable, mais la direction fait la sourde oreille.
Le CCE (Comité central d'entreprise) a eu lieu mercredi 9 décembre au siège de l'entreprise Smart à Hambach (Moselle). Les syndicats étaient appelés à donner leur avis sur le pacte 2020, proposé par la direction et qui entérine de fait un passage de 35h à 37h, puis 39h. Un pacte qui avait fait l'objet d'un vote le 11 septembre dernier par les 800 salariés de l'usine.
"Une usine coupée en deux"
Le 11 septembre 2015, les salariés ont voté pour ce fameux pacte 2020, à 56%. Il garantirait l'emploi sur le site jusqu'en 2020 et en contrepartie les salariés devraient travailler 39h, payées 37h. Un effort demandé pour pérenniser l'emploi sur le site pour les 4 prochaines années. Les pressions des managers sur leurs équipes et un grand écart dans l'application de ce pacte selon les métiers a créé de fortes tensions ces derniers mois. "L'usine est coupée en deux", nous ont dit plusieurs salariés.
D'un côté les "modulants" (ouvriers de la chaine de production) ont voté à 61% contre le pacte 2020. De l'autre les "non-modulants" (ingénieurs, cadres et techniciens) ont approuvé le pacte 2020 à 74%. Il faut dire que l'effort demandé n'est pas le même. A titre de comparaison, les cadres et ingénieurs devraient faire cadeau à leur employeur de 5 jours de rtt, alors que les ouvriers qui travaillent sur la chaîne de production verraient leurs journées rallongées de quelques heures, l'équivalent de 27 jours de travail en plus. Pour une prime équivalente.
Droit d'opposition
La CGT et la CFDT, qui représentent à elles deux la majorité des salariés, avaient alors fait usage de leur droit d'opposition en refusant l'application de ce pacte 2020, conscientes que les ouvriers y perdent beaucoup plus que les autres. Et surtout parce qu'elles trouvent que les garanties sont trop faibles, au vu des sacrifices demandés par la direction.
Chantage
La direction a donc décidé de passer outre cette opposition et a d'ores et déjà prévu de distribuer les avenants aux contrats de travail des salariés dès jeudi 10 décembre. La direction a annoncé que si le 18 décembre, moins de 75% des salariés ont signé cet avenant, alors elle commencerait un plan social dès début 2016 et une délocalisation de la production de la Smart 2 places à Novo Mesto en Slovénie. "Un chantage inacceptable" pour la CGT.
Les salariés ont une semaine pour choisir
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Les organisations syndicales pourront tenter d'aller devant la justice pour faire appliquer le droit du travail et la convention collective. Mais il sera trop tard. Mercredi 9 décembre, les salariés semblaient prêts à signer. "Ils n'ont pas vraiment le choix, et la direction fait pression sur tout le monde depuis des mois", nous a dit Jean-Luc Bielitz, délégué CGT.