Députée, maire et présidente d'agglo : le décès soudain d'Anne Grommerch laisse trois sièges vides à Thionville et à Paris. Passé le temps du deuil, les politiques locaux vont devoir très vite sortir du bois pour organiser la succession... dans le cadre des règles de non-cumul.
Si la mairie de Thionville devrait, logiquement, revenir à Pierre Cuny (ci-contre à droite), premier adjoint de la maire décédée - le Conseil municipal se réunit jeudi 28 avril - la succession est plus ouverte sur les autres mandats exercés jusqu'alors par Anne Grommerch, décédée la semaine dernière.
L'agglomération de Thionville porte de France doit choisir son nouveau président le lendemain, 29 avril. Pierre Cuny, s'il est élu maire la veille, peut logiquement prétendre au poste... comme Philippe Slendzak (ci-contre à gauche), actuel premier vice-président. Le maire de Yutz est un fidèle de Patrick Weiten, patron du département et de la droite locale. Parviendra-t-il à mettre tout ce petit monde d'accord avant le vote ?
Choix déchirant
Reste le siège de député de la 9e circonscription de la Moselle. C'est précisément Patrick Weiten, suppléant d'Anne Grommerch, qui doit lui succéder à l'Assemblée Nationale. Il rêve depuis longtemps d'un mandat national. Mais il lui faudrait abandonner la présidence du département de la Moselle... ou la vice-présidence de la Région Grand-Est : Weiten est depuis peu le n°2 de la grande région, le bras droit de Philippe Richert. Le choix s'annonce difficile, d'autant qu'à terme il faudra lâcher les deux mandats. Explications.Mais les possibilités de cumul vont être restreintes en 2017, en particulier pour les législatives prévues en juin (après la présidentielle). C'est le résultat de la loi de 2014 (voir encadré). Dans un an, Patrick Weiten n'aura plus qu'une seule casquette : l'Assemblée (s'il est élu en juin 2017), la Région, ou le département. Le décès d'Anne Grommerch l'oblige à choisir plus vite que prévu.
Le contenu de la loi de 2014
La réforme est destinée à prendre en compte "les conséquences du mouvement de décentralisation des trente dernières années", "l’accroissement de la charge de travail du Parlement" issu de la réforme constitutionnelle de 2008 et la nécessité de "moderniser la vie publique française". Nulle part en Europe, les parlementaires ne cumulent autant de mandats qu'en France. "L'ancrage local" revendiqué par les parlementaires est, de plus en plus, perçu par les citoyens comme une source de clientélisme et de petits arrangements.Cette loi, promulguée le 14 février 2014, va interdire aux députés et sénateurs d’exercer tout mandat exécutif local :
- les fonctions de maire et d’adjoint au maire,
- les fonctions de président et de vice-président des conseils régionaux ou départementaux, et des intercommunalités.
Ces nouvelles dispositions doivent s’appliquer lors des élections législatives, sénatoriales et européennes qui se tiendront après le 31 mars 2017. Les premières élections à se dérouler selon ces nouvelles modalités devraient être les législatives de juin 2017, puis les sénatoriales de septembre 2017 et les européennes de 2019.