Un deuxième suspect a été mis en examen samedi dans l'enquête sur les complicités dont a pu bénéficier Mohamed Merah, les enquêteurs le soupçonnant d'avoir participé au vol du scooter utilisé par le tueur
Le suspect interpellé mardi près de Toulouse, à Aucamville, dans l'enquête sur les complicités dont aurait pu bénéficier Mohamed Merah dans la préparation de ses tueries, a été mis en examen samedi en début d'après-midi à Paris pour "vol en réunion en lien avec une entreprise terroriste et participation à une association de malfaiteurs terroristes" par le juge d'instruction antiterroriste Christophe Tessier, conformément aux réquisitions du parquet.
Le frère aîné du tueur, Abdelkader Merah, était jusque-là le seul mis en examen dans cette enquête, notamment pour complicité d'assassinat, une qualification qui n'a pas été retenue pour Mohamed Mounir Meskine, âgé de 25 ans. Ce dernier a été placé en détention provisoire et sera réentendu le 17 juin sur le fond du dossier par le juge a indiqué son avocat, Me Alexandre Parra-Bruguière.
Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir été en compagnie des frères Merah pendant la journée du 6 mars 2012 et d'avoir pu prendre part ce jour-là au vol
du scooter dont Mohamed Merah s'est servi pour perpétrer ses tueries.
L'homme dément ces faits. "Il ne reconnaît rien", pas même le vol du scooter, et "condamne fermement les agissements de Merah", a expliqué son avocat.
"Il n'y a absolument pas d'ADN, comme j'ai pu le lire, comme il n'a jamais été reconnu par le propriétaire du scooter comme j'ai pu l'entendre", a-t-il ajouté.
Copain de quartier des frères Merah, cet homme est connu des services de police et a été condamné à trois reprises pour des faits de vol, recel de vol et trafic de stupéfiants, selon une source judiciaire. Il avait en particulier été incarcéré de fin 2008 à mi-2009 pendant 8 mois pour une affaire de stupéfiants.
Les enquêteurs restent très prudents sur la connaissance qu'a pu avoir cet homme des projets criminels de Merah, comme en témoignent les chefs de mise en examen retenus. Ils devraient désormais s'attacher à définir le profil de cet homme et à vérifier certaines de ses déclarations.
"Musulman non pratiquant"
Mohamed Mounir Meskrine est une figure du quartier des Izards à Toulouse, le quartier des Merah, beaucoup plus familier d'Abdelkader que de Mohamed, selon une source proche de l'enquête. Pour autant, Abdelkader et lui ne seraient pas des très proches. "Ils se voyaient de temps en temps, comme des gens qui fréquentent les mêmes lieux. Ils avaient les mêmes lieux de rendez-vous" aux Izards, dit cette source. Un grand connaisseur des délinquants locaux le décrit comme un "type malin, intelligent", issu d'une famille complètement désintégrée, parti vivre longtemps à Toulon avant de revenir il y a quelques années aux Izards. Il se livrait à des "petits coups" et vivait confortablement, sans se cacher, et en tout cas "beaucoup plus tranquille et pacifique" que son frère, selon cette source.
Ces différentes sources s'accordent pour dire qu'il s'est tourné vers l'islam il y a quelques années, sans pour autant tomber dans le fanatisme et sans qu'on sache clairement s'il a alors rompu avec la délinquance, comme il le disait, ce dont doutent les enquêteurs.
Un interlocuteur qui a rencontré plusieurs fois Meskine et connaît bien les Izards dit ne pouvoir "l'imaginer une seule seconde se transformer en fanatique" et participer au vol du scooter en sachant à quoi il servirait. Au cours de leurs conversations avec lui, celui-ci disait que "ça le faisait rire qu'on croie ça", qu'il aurait pu se radicaliser. En garde à vue, le jeune homme s'est présenté comme "musulman non pratiquant" et pas comme un djihadiste, a-t-on précisé de source judiciaire.
Depuis plusieurs mois, plusieurs personnes de l'entourage de Mohamed Merah et de son frère Abdelkader ont été interpellées dans la recherche d'éventuelles complicités avant d'être relâchées.
Mohamed Merah, petit délinquant des cités toulousaines et zélateur d'un islam radical, a assassiné au nom du jihad trois parachutistes, trois enfants et un enseignant juifs entre le 11 et le 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban. Finalement identifié et localisé chez lui à Toulouse, il a été tué par la police les armes à la main après 32 heures de siège le 22 mars.
Le reportage de François Ollier et de Delphine Gérard :