L'ex-ministre Jean Glavany a livré un témoignage empreint d'affection en faveur de l'architecte Matthias Belmon jugé pour avoir étranglé sa soeur en 2011, alors que la propre mère du meurtrier appuyait la veille la thèse d'un assassinat sur fond de "haine". Le procès doit s'achever ce vendredi.
L'ancien ministre socialiste de l'Agriculture et actuellement conseiller général des Hautes-Pyrénées Jean Glavany a rapporté avoir écrit depuis l'incarcération de Matthias Belmon divers courriers au détenu qu'il considère "presque comme un fils", lui disant : "tu as fait quelque chose d'abominable, tu seras sévèrement jugé et c'est normal". Mais il a plaidé avec tendresse la cause d'un garçon "extrêmement sensible, peut-être plus fragile que certains ne le disent".
Il l'avait connu dès les années 90 à Paris, "dans une bande de joie de vivre marquée par le rugby à un haut niveau", avant de le voir plonger dans une "profonde dépression" après le décès en 2010 de son père, à laquelle il n'avait tenté de remédier que par une automédication anarchique. Moins de deux mois avant le meurtre, "il avait sombré dans mes bras, en larmes, sur le lieu où les cendres de son père (Christian Belmon, mort d'un cancer à 60
ans, ndlr) avaient été dispersés" dans le village de Goujounac, a rapporté M. Glavany. "Comment veux-tu être heureux ici? Tu vis dans le tombeau de ton père", avait-il dit au jeune homme surmené.
"Il prenait des médicaments de manière désordonnée, je l'avais engueulé pour ça", a insisté M. Glavany, 65 ans, pour qui le jeune architecte vivait comme "un fardeau" l'héritage "trop lourd" légué par le père, architecte de renom en Quercy et viticulteur passionné.
Une mère qui accable l'accusé
Mercredi soir, Matthias Belmon s'était effondré juste après les déclarations de sa mère, partie civile, devant la cour d'assises. Françoise Belmon avait évoqué "une haine qui s'était installée chez Matthias" envers sa soeur Stéphan, avant même la mort du père, quand les deux enfants étaient rivaux pour hériter de "la société la plus rentable", une entreprise de construction de maisons, finalement revenue à Matthias. Auparavant, la mère avait déjà évoqué des "frictions sur la conduite de la vigne" dont ils étaient cogérants.La mère a appuyé la thèse de l'assassinat - qui fait encourir au meurtrier la réclusion à perpétuité - en affirmant : "Oui, c'était prémédité". Le 17 octobre 2011, en pleine nuit, l'architecte de 35 ans s'était relevé pour se rendre chez sa soeur Stéphan, 31 ans, qui habitait seule dans un vaste hôtel particulier en ville. Après l'avoir poursuivie, il l'avait frappée puis étranglée, avant de l'achever avec une cordelette qu'il avait apportée.
Il avait aussi apporté et utilisé un "shocker", pouvant asséner des décharges électriques très puissantes, acheté un mois plus tôt dans une armurerie parisienne, des gants, une cagoule, des vêtements de rechange... "Comment prendre tout ça sans réfléchir", s'est interrogée la mère, qui n'avait "jamais vu" son fils s'habiller en survêtement noir comme cette nuit-là.
Matthias Belmon a toujours nié être venu chez sa soeur avec l'intention de tuer, assurant avoir seulement voulu "la forcer au dialogue", qu'elle fuyait. "Rien ne dit que cette scène-là (de l'assassinat) était écrite", a commenté un expert psychiatre, évoquant plutôt "une rage de destructivité" après avoir tenté d'obliger sa soeur à parler. Validant "un état dépressif majeur", le psychiatre a estimé que des propos qui auraient été prononcés par la jeune femme - "tu es minable", "tu n'es pas mon père" - "avaient eu un effet de lâchage pulsionnel", car elle disait "de plein fouet quelque chose qu'il avait intuité : qu'il ne pouvait pas prendre la place du père"...
Auparavant, un expert pharmacologue avait mis en cause la prise d'un hypnotique, le Stilnox (Zolpidem) - inadapté pour soigner la dépression, et qui peut parfois aggraver l'agressivité, lever l'inhibition - dont les effets indésirables auraient été renforcés par la consommation d'alcool.