Une page se tourne. Guy Novès, qui va quitter Toulouse pour prendre la tête du XV de France, a vécu samedi son dernier match à Ernest-Wallon, quarante ans après son arrivée dans "son" Stade Toulousain.
Acclamé par les supporters après la victoire en barrage arrachée au bout du suspense face à Oyonnax (20-19), Novès a dû toutefois feindre de ne pas comprendre alors que sa nomination, votée vendredi par les sept "sages" de la Fédération française de rugby, ne sera officialisée que dimanche.
"Le public m'acclame car on est en demies et on a encore deux matches potentiels. Il est ravi de ça", a-t-il lancé au micro de Canal+ après la rencontre. "J'habite à côté d'Ernest-Wallon donc quoiqu'il arrive je serai toujours là", a-t-il ajouté.
Mais c'est la dernière fois que les supporters l'auront vu, sur le bord de touche, vêtu de son traditionnel survêtement rouge et noir et assis sur une glacière.
Pour son dernier match dans son antre, le 1.079ème avec le Stade Toulousain comme joueur et entraîneur, le patron emblématique du Stade Toulousain
s'est comme à son habitude agité près du banc, encourageant ses joueurs, discutant avec les arbitres, levant trois doigts pour demander à son équipe de taper les pénalités.
Sans montrer d'émotion particulière, concentré sur cette qualification pour les demi-finales qui lui permet de continuer à rêver à un vingtième titre.
Mais si Novès s'en va, son ombre planera toujours au-dessus d'Ernest-Wallon après une ère de gloire marquée par dix Boucliers de Brennus et quatre Coupes d'Europe.
"Depuis que je suis le Stade Toulousain, je l'ai toujours connu là. C'est un grand vide qui nous attend. On ne remplace pas une personne aussi importante que lui comme ça", déclare Jean-Marc, 43 ans, membre du 16ème homme, un des clubs de supporters du Stade Toulousain.
"Et dire que c'est la dernière fois qu'on l'a vu gesticuler au bord du terrain..", lance, émue, Sylvie, "fidèle supportrice" de 44 ans. "Il représente tellement de choses, c'est le symbole du Stade Toulousain, et ça va faire drôle de ne plus le voir. Sans lui, je ne suis pas sûr qu'on aurait ce palmarès".
"Guy a écrit une belle histoire avec le Stade Toulousain mais le club doit continuer de vivre", estime pour sa part l'ailier international Yoann Huget.
Mais reste à savoir si l'institution rouge et noire ne sera pas déstabilisée par son départ...
La saison prochaine, après une année marquée par de vives tensions entre les dirigeants du club, Ugo Mola prendra le relais côté sportif tandis que Fabien Pelous ou Emile Ntamack sont cités comme de possibles managers ou directeurs du rugby.