Sur les réseaux sociaux, les réactions vont bon train suite à l'annonce par la municipalité FN de la suppression du local de la Ligue des droits de l'Homme à Hénin-Beaumont.
Dans un communiqué, Steeve Briois explique que " depuis des années, la ligue des droits de l’homme bénéficiait de subventions municipales et d’un local municipal en toute illégalité" puisqu'"aucun bail n’a été signé entre l’association d’extrême gauche et la mairie". Estimant qu'il s'agit d'une association politisée et partisane, le nouveau maire FN d'Hénin-Beaumont affirme qu'il est illégal de lui verser des subventions.
A l'appui de cette mesure, M. Briois s'est référé à un arrêt pris le 28 octobre 2002 par le Conseil d'Etat, ayant donné raison à un habitant de Draguigan dans une affaire du même type visant la LICRA. La subvention accordée par la municipalité à cette association a été annulée au motif que celle-ci s'en était prise à un parti légalement reconnu, en l'occurrence le FN. Le nouveau maire a critiqué dans le même communiqué France Info, qui avait fait
état le premier de sa décision, s'étonnant qu'une "pseudo journaliste" fasse "la une de l'édition matinale en reprochant à la municipalité de respecter la loi!" M. Briois a ajouté: "Que les médias puissent reprocher à la nouvelle équipe municipale de respecter la loi est un comble. Que la bien-pensance s'y fasse: désormais la loi sera respectée à Hénin-Beaumont!"
Ce mardi, sur l'antenne de France info, Alain Pruvot, président de la section locale de la LDH, explique que "c'est la première fois [qu'il] entend un maire tenir des propos semblables". "C'est un premier dérapage, c'est évident. Nous allons proposer de mettre en place un comité citoyen de vigilance républicaine." A l'AFp, il déclare "nous sommes une association citoyenne de défense des droits de l'Homme. M. Briois veut toujours chercher à accréditer l'idée que nous n'existons qu'au moment des campagnes électorales pour nuire au Front national, ce qui est complètement faux", expliquant avoir pris des contacts "pour trouver un autre point de chute" dans l'agglomération. Nous n'allons pas baisser les bras et nous n'allons pas déserter le terrain, ni abandonner le combat", a conclu M. Pruvot. Finalement, la ville de Carvin, dont Philippe Kemel (député qui avait battu Marine Le Pen aux dernières législatives) est le maire, a proposé d'accueillir la LDH.
Sur internet, la décision du maire frontiste fait parler. Sur Twitter, nombre d'élus du Pas-de-Calais réagissent :
Certains internautes proposent même de financer le local et appellent au don
Pour protester contre l'expulsion de la Ligue des Droits de l'homme à Hénin-Beaumont #FN -> faire un don à la LDH http://t.co/kNTKjfSx6R
— Mme Déjantée (@MmeDejantee) 8 Avril 2014
Une décision qui n'est pas une surprise
La mesure visant la LDH à Hénin-Beaumont n'est pas vraiment une surprise, car M. Briois avait clairement annoncé que s'il accédait à la mairiela mise à disposition "illégale" des locaux municipaux prendrait fin. Le 18 mars, durant la campagne des municipales, la LDH avait appelé dans un tract
à "faire barrage" au FN. Lors d'un point presse, Alain Pruvot, président de la LDH d'Hénin-Carvin et de la fédération départementale LDH du Pas-de-Calais, avait souligné ce qu'il appelait la "dangerosité" du FN. M. Briois avait aussitôt riposté en dénonçant "la campagne de haine" menée par la LDH locale. "Il s'agit là, avait-il déclaré à l'AFP, d'une manière illégale pour cette association politique de remercier la fédération PS" du Pas-de-Calais "et la gauche héninoise qui lui fournit, avec l'argent du contribuable, un local gratuit en centre-ville" depuis 2007.