Dérapage ou liberté d'expression ? La sanction prise à l'égard d'un agent municipal prise par la mairie de Lille est vivement contestée par l'intéressé. Il nie farouchement avoir fait l'apologie des attentats.
Jeudi, lors de la cérémonie des voeux à presse, Martine Aubry annonçait que trois agents municipaux de Lille allaient être sanctionnés pour s'être soustraits le 8 janvier à la minute de silence nationale demandée en hommage aux victimes de Charlie Hebdo et avoir justifié ce refus par des propos non acceptables.
S., 22 ans, est l'un des agents concernés, il est animateur périscolaire. Très marqué depuis 2 jours, il nie complètement les faits qui lui sont reprochés. Sa version des faits diffère complètement de celle de Martine Aubry. "En ce qui me concerne, j’ai respecté la minute de silence. Je l’ai faite observer par les petits. Et je leur en ai, auparavant, expliqué le sens. », affirme-t-il dans La Voix du Nord. Lors d'une conversation avec d'autres agents, en dehors des heures de travail (il ne travaille que deux heures le midi) il aurait débattu sur l'attentat et ses commémorations : « J’ai dit qu’à titre personnel, une minute de silence aurait pu être faite pour les Gazaouis » (...) « J’ai souligné que les terroristes aussi étaient des êtres humains. En posant la question suivante : comment ont-ils pu développer une telle haine au point de retirer une vie humaine ? »
Il a également mis en doute la couverture par les médias de ces événements mais nie avoir approuvé les attentats : « Je n’ai jamais nié la réalité des attentats, Je ne serai jamais du côté des bourreaux, de l’oppresseur. »
"Une machine qui s'emballe"
Son avocat, Maître Taïeb Ismi estime que la machine s'est emballée autour de son client : "Il a émis des opinions en dehors de son travail. Ses propos ont été rapportés à la mairie. Lui n'a jamais été entendu. Mon client a le droit de de donner une interprétation a ce qui été relayé par les médias, sans contester l’acte lui-même. Il n’ jamais glorifié les terroristes. Il a condamné les attentats. Il n'y a pas la moindre ambigüité." Une plainte aurait pourtant été déposée par la mairie de Lille pour "apologie du terrorisme".S. est convoqué ce mardi pour un entretien préalable à un licenciement. Qui sera contesté par son avocat. Martine Aubry, en communiquant très rapidement devant la presse sur sa fermeté, a-t-elle été un peu vite ? Oui, estime Maître Taïeb Ismi : "Il veut être réhabilité, il ne dort pas, il est dépassé par une machine qui s’emballe, c’est scandaleux. Ça peut être dangereux. On risque de tomber dans des dérives."