Deux organisations patronales menacent de déposer un recours contre un arrêté pris par la maire de Lille Martine Aubry pour restreindre les horaires de nuit des bars, a-t-on appris vendredi auprès de ces deux organismes.
La maire de Lille a pris le 31 décembre 2014 un arrêté faisant passer la fermeture des bars de 3h00 à 1h00 du matin du dimanche soir au mercredi soir, afin de répondre à ce qui est décrit par la ville comme une montée de la délinquance et des incivilités durant la nuit."Ca nous semble aberrant de croire un instant que (Mme Aubry) résoudra les problématiques d'ivresse publique, d'alcoolisation des jeunes, de nuisance sonore en fermant les bars plus tôt", s'insurge le président de l'UMIH (Union des métiers et industries de l'hôtellerie) Nord-pas-de-Calais, Thierry Grégoire.
"Deux villes l'ont fait l'année dernière, Rennes et Nantes, et elles sont revenues en arrière trois mois après", rapporte-t-il, faisant état d'une "urgence sociale, 100 emplois étant menacés, et économique parce que certaines entreprises réalisent 30 à 50% de leur chiffre d'affaires sur cette tranche d'1H à 3H du matin".
La décision a d'autant plus surpris les professionnels que ceux-ci louaient jusque-là une charte particulièrement "participative et démocratique, mettant autour de la table la mairie, la police, les riverains, les exploitants et les syndicats", explique Rémi Calmon, directeur du SNEG (Syndicat national des entreprises gaies).
Selon ce dernier, "c'est le caractère général de la mesure qui n'a pas de sens : en pénalisant tous les bars, les bons élèves vont aussi être pénalisés (...). La mairie pourrait sanctionner individuellement les quelques bars en cause".
"C'est un problème sociétal d'une ampleur qui dépasse largement le cadre de deux heures de fermeture quatre jours, en plein milieu de la semaine, d'établissements de débits de boisson qui ne vendent que 10% au niveau national de l'alcool consommé par la population", estime en outre M. Calmon.
Les deux syndicats ont l'intention de déposer un recours devant le tribunal administratif, au plus tard le 28 février selon le délai légal, mais seulement si la mairie refuse de se remettre à la table des négociations. "Je préfère un mauvais arrangement à un bon procès", dit M. Grégoire.
Quelque 90 bars de Lille bénéficiaient jusque-là d'une dérogation au régime général leur permettant d'ouvrir jusqu'à 3h00 du matin au lieu d'1h00, selon les estimations de M. Calmon.