Dans "L'hermine" de Christian Vincent, en compétition au festival de Venise, et tourné en partie à Saint-Omer, Fabrice Luchini campe un magistrat bourru et aigri. En promo, l'acteur a dépeint un nord qui ne fait pas vraiment envie.
Cela deviendrait presque une habitude, après Catherine Deneuve et Dunkerque ("Dunkerque se résume à "tristesse, alcool et cigarettes"), voici Fabrice Luchini et Saint-Omer. Les acteurs de films tournés dans le Nord Pas-de-Calais ne font pas forcément la promo de la région.
Interrogé en marge de la Mostra de Venise où le film "L'hermine" est présenté, Fabrice Luchini a dépeint un nord peu avenant : un lieu "où la République a disparu, ou Marine Le Pen fait 30%, un pays abandonné par la France, un îlot de désespérance", selon l'AFP. "«Une région où la République a disparu, un coin de grande misère sociale où les gens boivent beaucoup et votent Front national», selon Le Figaro.
"Aigri, réac, misanthrope"
Une vision caricaturale qui est censée donner envie voir de le film de Christian Vincent ? Ou remarque qui permet de coller à son personnage ? Fabrice Luchini incarne en effet dans "L'hermine" Xavier Racine, magistrat "aigri, réac, misanthrope". "Il est en fin de carrière, il a raté sa vie personnelle en épousant une femme plus riche que lui qui vient de le quitter, il est amer, il vit provisoirement à l'hôtel et plus personne ne le regarde. C'est effrayant de ne plus être regardé", explique à l'AFP le réalisateur, Christian Vincent.Alors que sortent un à un les noms des jurés du procès pour infanticide que Xavier Racine va présider, l'un va retenir son attention: celui d'une femme, anesthésiste à l'hôpital de Lille, qu'il a aimée autrefois et n'a jamais oubliée. A ses côtés pendant toute la durée du procès, cette femme, interprétée par Sidse Babett Knudsen, va le ramener à la vie et lui apprendre la compassion. Personnage à part entière du film, le jury est composé d'habitants du nord de la France.
Le tournage du film a eu lieu à Saint-Omer en décembre 2014. La Voix du Nord avait alors raconté que Fabrice Luchini avait refusé de donner une interview parce qu'il était "furax". Motif : le film s’était vu refuser une aide financière de Pictanovo, l'organisme régional de soutien au cinéma.