L'ultimatum fixé par les autorités pour l'évacuation d'une partie du camp de la "jungle" à Calais n'expirera pas mardi à 20H00, la décision du tribunal administratif n'étant pas rendue avant mercredi ou jeudi.
Les migrants campant dans la partie sud de la partie importante de la "jungle" de Calais ont gagné un peu de répit mardi : le tribunal administratif de Lille ne statuera pas avant mercredi sur le référé introduit pour tenter d'obtenir un report de l'évacuation.
Les associations demandant la suspension de l'évacuation de la partie sud de la "jungle" de Calais, ordonnée par les autorités, ont dénoncé mardi "des solutions bâclées" proposées par l'Etat, lors d'une audience au tribunal administratif dont le jugement ne sera pas rendu avant mercredi.
"Solutions bâclées"
"Votre décision doit être rendue de toute urgence. Ne pas suspendre l'arrêté immédiatement c'est exposer toutes les personnes vulnérables à un grand danger. Il ne s'agit pas d'une demande de pérenniser le bidonville, mais on ne peut pas se contenter de solutions bâclées", a affirmé Me Julie Bonnier, avocate de 10 associations et 250 migrants, à la présidente Valérie Quemener."Vous devez suspendre cette décision pour que cesse la terreur, pour que cessent les tensions, il ne faut pas déplacer le problème par une évacuation, il faut le solutionner", a-t-elle ajouté. Représentants de l'État et associations ont chacun avancé des chiffres très différents sur le nombre de migrants présents sur cette zone, les premiers parlant toujours de "800 à 1.000" migrants et les seconds de "3.500", une sérieuse divergence sur laquelle la présidente n'a pas manqué d'insister.
"Le comptage de la préfecture a été fait par la PAF (Police aux frontières NDLR) à 07h00 du matin et à 07h00 du matin, les migrants ne sont pas sur place", a lancé l'avocate des associations et des migrants. "Il y a une mauvaise analyse de la situation avec de mauvaises données, aujourd'hui, nous n'avons pas les moyens de faire face à la prise en charge des personnes concernées sur la zone sud", a-t-elle estimé.
Faux, pour les représentants de l'État: "l'essentiel de ces personnes peuvent être accueillies sur la zone nord", a affirmé Étienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfète du Pas-de-Calais, évoquant, en sus des "300" places encore disponibles dans le Centre d'accueil provisoire (CAP) en conteneurs, 580 autres places dans des tentes à proximité.
L'État a aussi opposé aux associations deux arguments majeurs: "les conditions de vie précaires des migrants" dans la zone sud et "l'insécurité" que cette situation engendrerait, par exemple les "rixes entre migrants" ou les "agressions de migrants sur la rocade envers les poids-lourds".