Enquête sur le FN : convoquée, Marine Le Pen refuse de se rendre chez les juges

Après avoir mis en examen le Front national, les juges d'instruction veulent entendre sa présidente Marine Le Pen dans l'enquête sur le financement du parti, mais la candidate aux régionales, qui met en cause les magistrats, a refusé de se rendre à une convocation.

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La présidente du FN était convoquée mardi pour être entendue comme témoin assisté par les juges Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi, qui soupçonnent le parti d'extrême droite, l'un de ses mouvements satellites, Jeanne, et leur imprimeur, Riwal, d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux lors des législatives de 2012.

Dans un message écrit, Marine Le Pen a confirmé à l'AFP ne pas s'être rendue à cette audition au pôle financier, en faisant valoir qu'une requête en suspicion légitime contre ces magistrats avait été déposée quelques jours plus tôt par le FN. Elle n'a pas fait d'autre commentaire, mais selon une source proche du dossier, Marine Le Pen considère que les garanties d'impartialité ne sont pas réunies dans cette enquête.


Autre convocation à Lyon pour incitation à la haine raciale

Une requête en suspicion légitime vise à demander à la chambre criminelle de la Cour de cassation de dessaisir la juridiction en charge du dossier et de dépayser l'affaire. Mais une telle procédure ne suspend pas le cours des investigations et la convocation de la dirigeante frontiste a été reportée à une date ultérieure.

Les élections régionales, à l'occasion desquelles une victoire de Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie n'est pas à exclure, auront lieu les 6 et 13 décembre. La présidente du FN est également convoquée le 20 octobre à Lyon au tribunal correctionnel, où elle sera jugée pour incitation à la haine raciale, après avoir comparé, fin 2010, les "prières de rue" des musulmans à l'Occupation allemande.

 Le parti d'extrême droite voit dans ces procédures un acharnement et dénonce une justice sous influence du pouvoir politique, qui voudrait barrer la route à son ascension.


Campagne clés en main 

Dans l'enquête sur son financement, le FN a été mis en examen le 9 septembre pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie. Les magistrats ont aussi mis en examen sept personnes, dont le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, l'un de ses vice-présidents, Jean-Fançois Jalkh et le patron de Riwal, Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen, ainsi que Jeanne et Riwal en tant que personnes morales.

Les enquêteurs s'intéressent à la campagne clés en main fournie par le FN à ses candidats aux législatives de 2012, via des kits de tracts et affiches vendus au forfait, à 16.000 euros environ. Les juges d'instruction soupçonnent Riwal et le FN d'avoir mis en place un système verrouillé, dans lequel le candidat n'avait guère d'autre choix que de commander le kit, à des tarifs surévalués, quels que soient ses besoins de campagne.

Cette escroquerie n'aurait eu pour but que de charger l'addition sur les dépenses ensuite remboursées par l'État. Du pur raisonnement intellectuel, dénonce le parti, qui conteste toute surfacturation et fait valoir que les tarifs ne représentaient que la moitié du plafond des dépenses autorisées.

Autre sujet d'enquête, les prêts accordés aux candidats par Jeanne, l'entité qui fournissait les kits. Le microparti a facturé des intérêts sur ces prêts, remboursés eux aussi par l'État, mais les juges se demandent si les emprunts avaient une existence réelle. La question se pose car c'est Riwal qui a avancé les frais des kits à Jeanne, par le biais d'un large crédit fournisseur, huit millions d'euros en 2012.

Ce crédit fournisseur sans intérêts est également visé par l'enquête, comme toute une série d'avantages qui auraient été accordés par Riwal à Jeanne et au FN: prise en charge de factures, salaires, mise à disposition de locaux, d'employés, etc... Les juges y voient des dons déguisés, d'où la mise en examen du parti pour recel d'abus de biens sociaux.
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