Les avocats du barreau de Lille ont promis de bloquer le Palais de justice toute la journée de mardi pour protester contre la refonte du système de l'aide juridictionnelle.
300 avocats du barreau de Lille réunis ce lundi en assemblée générale ont décidé de bloquer le Palais de Justice dès 7h demain mardi. Toutes les juridictions vont être impactées (affaires familiales, mineurs, tribunal de commerce, tribunal administratif…). Leur fonctionnement risque même d'être perturbé pour les jours voire les semaines à venir, tant les robes noires sont remontées.
La réforme de l'aide juridictionnelle en ligne de mire
Raison de leur colère : le vote à l’Assemblée nationale jeudi dernier de l’article 15 du projet de Loi de Finances sur la réforme du financement de l’aide juridictionnelle. Elle prévoit, entre autres, un prélèvement de cinq millions d'euros en 2016 et dix millions d'euros en 2017 sur les intérêts de fonds placés dans des caisses (Carpa) gérées par les avocats. En d'autres terme, cette réforme demande au barreau de « mettre la main à la poche » pour participer au financement de cette aide judiciaire aux plus démunis.Avocats en grève réunis au TGI à Lille. Énorme mobilisation. #justice pic.twitter.com/RJ6dYTAVe2
— Chantal David (@cdavid262) 19 Octobre 2015
141 des 164 barreaux de France en grève ce lundi
La grève des avocats contre le projet de réforme de l'aide juridictionnelle était suivie lundi par l'immense majorité des barreaux de France, tandis que le mouvement s'est durci à Paris, une semaine après son début.Le mouvement de grève, qui consiste à ne pas désigner d'avocats commis d'office, était suivi lundi par "141 des 164 barreaux de France", selon le Conseil national des barreaux (CNB).
Les barreaux de Laval, Annecy ou Rouen ont même ont décidé de voter une grève totale et illimitée.
Une baisse globale de leurs revenus selon les avocats
Les avocats, qui ont fustigé un "passage en force" de la ministre, dénoncent aussi une baisse globale des revenus des robes noires, avec une baisse du nombre d'unités de valeurs (UV) attribuées aux principaux actes comme les divorces, les prud'hommes, les gardes à vue, qui passent par exemple de 300 à 180 euros pour 24 heures, "inférieur au Smic horaire", selon une avocate.Selon un document de travail de la chancellerie consulté par l'AFP, le nombre d'UV par procédure est revu à la baisse dans près de 60% des cas.
En fin d'après-midi, le CNB assurait n'avoir reçu "aucune réponse de la chancellerie" à sa demande de rendez-vous.