L'homme d'affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez devrait - si son offre de rachat du LOSC se concrétise - acquérir les actions du club nordiste par l'intermédiaire de Victory Soccer Limited, une société britannique propriété d'une offshore enregistrée à Hong-Kong, en Chine.
Si les discussions se poursuivent entre Michel Seydoux, l'actuel propriétaire, et Gérard Lopez, l'acheteur, on en sait désormais un peu plus sur le montage que s'apprête à mettre en place l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois pour acquérir le LOSC. Sur le site internet de Companies House, le registre du commerce et des entreprises britanniques, Gérard Lopez apparaît comme l'un des directeurs d'une société baptisée Victory Soccer Limited, située au 5e étage du 86, Jermyn Street, à Londres, à quelques encablures de la célèbre artère commerçante de Piccadilly.
Il s'agit visiblement d'une simple boîte postale puisque 180 sociétés partagent la même adresse selon Companies House. Victory Soccer (Soccer est l'autre nom du football dans les pays ango-saxons) a été créée le 10 octobre 2014. Gérard Lopez en est devenu le directeur le 12 décembre de la même année. Depuis sa création jusqu'au 31 décembre 2015, cette société était considérée comme "dormante" et n'avait "aucune activité commerciale". "Victory Soccer Ltd est la structure d’investissement de Gérard Lopez pour l’achat d’un club de football", nous a répondu par courriel un porte-parole de l'homme d'affaires que nous avions interrogé sur cette société. Prévoit-il de l'utiliser pour faire l'acquisition du LOSC ? "Oui, dans le cadre des négociations exclusives pour ce rachat", nous a-t-on signifié cette fois par téléphone.
Une offshore à Hong-Kong
Un certain Claude Zimmer apparaît également dans l'organigramme de cette société. Ce Luxembourgeois dirige la société Zimmer & Partners, spécialisée notamment dans les conseils financiers et fiscaux aux entreprises. Mais selon le porte-parole de Gérard Lopez que nous avons questionné, Victory Soccer "est détenue à 100% par Gérard Lopez". Pourtant, l'homme d'affaires n'apparaît pas nommément comme actionnaire unique de cette société. Selon les documents consultables sur Companies House, les actions de Victory Soccer (1000 £ de capital social) sont toutes détenues par une autre société baptisée Chimera Consulting Limited.Chimera Consulting est une société créée en mai 2014 et domiciliée à Hong-Kong, au 1902 Massmutual Tower, 38, Gloucester Road, Wanchai. Un immeuble où sont enregistrées là encore de très nombreuses sociétés. Ex-enclave britannique rendue à la Chine en 1997, Hong-Kong conserve encore aujourd'hui un statut particulier. Il s'agit d'une place offshore bien connue mais qui ne fait pas partie de la liste noire des "paradis fiscaux" en France, ni de celle dressée par l'OCDE. Hong-Kong offre néanmoins aux sociétés une fiscalité très avantageuse : 0% d'impôts sur les bénéfices si elles opèrent commercialement en dehors de son territoire, pas de TVA et une taxation limitée sur les gains en capital, les dividendes ou les intérêts (en fonction de conventions passées avec le pays de résidence). Si la société londonienne Victory Soccer appartient "à 100%" à Gérard Lopez, on peut donc en déduire que Chimera Consulting Limited, à Hong-Kong, lui appartient également.
Pavillon étranger
Si Gérard Lopez rachète le LOSC via Victory Soccer, le club nordiste ne sera pas le seul, en France, à être piloté par une holding située dans un pays étranger, à la fiscalité plus avantageuse. C'est déjà le cas du RC Lens, majoritairement détenu par la société luxembourgeoise Solferino, du FC Nantes, propriété du Flava Groupe domicilié en Belgique, ou de l'Olympique de Marseille, contrôlé désormais par "Olympique de Marseille LLC" dans l'état américain du Delaware.Selon nos confrères de La Voix du Nord, Gérard Lopez et Michel Seydoux, entrés en "négociations exclusives" au mois d'octobre, se sont déjà mis d'accord sur la vente du club. Le comité d’entreprise devrait acter lundi le changement de propriétaire. Une assemblée générale des actionnaires aura lieu mercredi, à l'issue de laquelle Michel Seydoux pourrait effectuer une communication officielle. Mais la conclusion définitive de la vente, le fameux "closing", n'interviendra pas avant début janvier. Une information confirmée ce jeudi après-midi par l'entourage de Gérard Lopez.
L'Espagnol Marc Ingla, bras droit de l'homme d'affaires et probable futur directeur général du LOSC, et le Portugais Luis Campos, peut-être futur directeur sportif, sont déjà à la tâche depuis plusieurs jours au domaine de Luchin, le siège du club. "C'est très convivial, il y a des échanges et on est souvent d'accord ! Tout se passe très bien au niveau relationnel, (Luis Campos) est une personne très agréable qui nous accompagne, nous soutient", a déclaré ce jeudi en conférence de presse Patrick Collot, l'entraîneur intérimaire du LOSC, sans doute assuré de conserver son poste au moins jusqu'à la trêve hivernale. "On ne peut pas dire légalement qu'il y a un accord tant que toutes les étapes du processus n'ont pas eu lieu", a indiqué de son côté Michel Seydoux à l'Agence France Presse. "Mais il n'y a pas de raison de douter de la finalisation du rachat, qui interviendra bientôt, le plus vite possible".