Meurtre de Stéphanie Fauviaux : la défense du gendarme accusé pointe les manquements de l'enquête

Eric Dupond-Moretti, l'avocat du gendarme Lylian Legrand, qui comparaît aux assises de Douai, pour le meurtre de Stéphanie Fauviaux à Lille en 1995, a pointé ce lundi les manquements de l'enquête. Son client a plaidé non coupable à l'ouverture de son procès.

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Me Eric Dupond-Moretti, l'avocat de Lylian Legrand, a pointé ce lundi devant la cour d'Assises du Nord les manquements de l'enquête sur la mort de Stéphanie Fauviaux, notamment certaines pistes abandonnées, comme celle d'un psychopathe belge connu pour un fait présentant quelques
similitudes avec ce meurtre. La défense continue d'affirmer que le poil pubien masculin retrouvé sur le ventre de la victime - dont l'ADN n'a jamais pu être identifié - est celui de son véritable meurtrier. D'après l'avocat, un torchon, retrouvé dans la main de la victime, présentait également un ADN partiel masculin qui ne correspond pas à celui de l'accusé. "Je conteste les faits", a clamé Lylian Legrand dès l'ouverture de son procès.

Récit d'Hélène Tonneillier.

Le 24 mai 1995 à 17h30, la police découvrait à Lille le corps sans vie de Stéphanie Fauviaux "dans la baignoire de son appartement remplie au trois quarts avec une eau teintée de sang, les jambes écartées, le corps simplement habillé d'un peignoir largement ouvert", comme l'a rappelé devant les jurés l'un des commandants de police alors chargé de l'affaire. Plus tôt dans la journée, Karine Dupont, la colocataire de la victime s'était rendue chez elle en compagnie de Lylian Legrand et du frère de ce dernier, Régis, pour récupérer quelques affaires, en cette veille de l'Ascension. Devant la salle de bain, elle avait trouvé porte close. Au travers d'une trappe d'aération, elle avait ensuite aperçu un pied et appelé la police. Auditionnées, les trois personnes présentaient alors toutes un alibi.

Versions contradictoires de l'accusé

Sur la scène de crime, un seul indice notable allait obnubiler les enquêteurs : ce fameux poil pubien masculin sur le ventre de la victime. Une piste restée infructueuse. Ce sont les progrès de la science qui, 17 ans plus tard, ont permis de mettre au jour une nouvelle empreinte génétique sur le peignoir de la victime : en 2012, Lylian Legrand est confondu par son ADN. Nordiste d'origine, il est alors interpellé dans le sud où il devenu depuis adjudant à la gendarmerie de Nice. Face aux enquêteurs, ce proche de la victime, chez qui il se rendait régulièrement pour rendre visite à sa colocataire, soeur de sa future épouse, va livrer aux enquêteurs différentes versions.


"Lors de ses trois premières auditions, il a d'abord nié. Puis, lors de sa 4e, il a affirmé que la victime était sa maîtresse", relate devant la cour un autre commandant de police en charge de l'enquête. "L'accusé rapporte avoir eu un rapport sexuel avec la victime, mais, qu'en tombant, elle était décédée", puis, "dans une autre audition, il affirme que finalement Stéphanie n'était pas consentante, et qu'en se dégageant, elle était tombée et était décédée", poursuit cet enquêteur. Trois autres policiers se succèdent encore à la barre. L'un d'entre eux aurait "menacé de foutre mes gamins à la DASS, ce salopard", lance l'accusé. Un mois plus tard, il abandonnera cette dernière version, assurant désormais avoir eu un rapport sexuel avec la victime, mais qu'elle était en vie lorsqu'il l'avait quittée.

"Pressions des enquêteurs"

D'après Lylian Legrand, ses premières déclarations, étaient le résultat de "pressions des enquêteurs". "Etiez-vous un enquêteur de terrain ou derrière les bureaux ?", demande son avocat Me Dupond-Moretti. "J'étais derrière les bureaux", affirme l'accusé, laissant entendre, comme il l'avait fait lors de l'enquête, qu'il était peu au fait des méthodes d'interrogatoire. Une nouvelle preuve l'accable pourtant : une lettre écrite à sa femme lors de sa garde à vue. "Si tu savais à quel point je le regrette, maintenant tu sais d'où viennent mes insomnies...".



Fils d'un père électricien et d'une mère au foyer, Lylian Legrand a eu "une enfance heureuse" au sein d'une famille "unie". Après un bac électrotechnique, il devient gendarme en 1996 et débute dans la région parisienne comme informaticien. Legrand, qui risque la réclusion criminelle à perpétuité, marié et père de deux enfants, est présenté majoritairement par son entourage comme un "bon père de famille", "attentionné", "serviable", parfois aussi comme "infidèle", pouvant être "manipulateur", "taquin" avec un humour "un peu lourd" voire "graveleux". "Aucune fille qui l'a fréquenté ne fait état de violence", souligne toutefois l'enquête de personnalité.
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