La maire de Calais était l'invitée de France Inter ce dimanche. Elle a réclamé à nouveau le démentèlement de la zone nord de la "Jungle", qui est selon elle "zone de non-droit". La situation est de plus en plus difficile dans le camp dont la population est en augmentation depuis juillet.
"La zone nord de la Jungle, est encadrée par des passeurs, des activistes No Border, c'est une zone de non-droit qui regroupe aujourd'hui environ 5 000 personnes." Ces mots sont ceux de la maire (LR) de Calais, Natacha Bouchart, invitée de France Inter ce dimanche. Elle précise qu'à côté le centre humanitaire qui a été construit "accueille de façon correcte 2 500 migrants."Elle explique que la population serait en forte augmentation dans la "Jungle", il y aurait entre 7 000 à 8 000 personnes aujourd'hui. "On voit arriver entre 50 et 80 migrants par jour depuis dix à quinze jours", détaille-t-elle.
"Nous sommes dans une nouvelle phase où les événements s'accélèrent. Depuis début juillet, nous avons une montée en puissance du nombre d'arrivée des migrants avec des attaques régulières la nuit sur la rocade portuaire [...] Aujourd'hui, [les migrants sont] comme une armée qui s'est constituée avec des actions très bien rodées."
Migrants à Calais : une nuit dans le manège infernal de la rocade portuaire - France 3 Nord Pas-de-Calais
Dès minuit, la radio de police crache des appels à renfort, avec une rengaine : " barrage posé échangeur 47". Les fourgons de CRS tournent déjà dans le manège infernal de la rocade, si peu éclairé. En ce début de nuit d'été, la menace plane mais les migrants demeurent invisibles pour les non-avertis.
Elle souhaite toujours le démentèlement de la zone nord de la "Jungle", qui aurait dû être fait selon elle en mars, en même temps que la zone sud.
"On a l'impression que les services de l'État minimisent les faits, qu'ils sont impuissants face à ce qu'il se passe ici", regrette Natacha Bouchart. Selon elle, "il n'y a pas suffisamment de forces de l'ordre." Elle réclame d'ailleurs un recours à l'armée pour encadrer le camp de migrants. "C'est l'urgence, on ne peut pas laisser ce campement s'agrandir. Je pense que l'armée est utile pour éviter des débordements et préparer le démantèlement."
"Nous ne pouvons pas accepter qu'une partie de ces migrants, encadrés par des passeurs, puissent continuer à venir semer le trouble public et à s'attaquer aux forces de l'ordre et au port, notre outil économique. En termes d'image touristique, c'est très difficile également", conclue-t-elle.
Une interdiction de sortie la nuit pour Xavier Bertrand
Xavier Bertrand, dans un entretien au Figaro vendredi (article abonnés), explique lui-aussi vouloir un démentèlement de la zone nord du camp de migrants. En attendant, le président de la région Hauts-de-France souhaite également une sorte de couvre-feu le soir :"Je l'ai dit clairement au préfet de région : compte tenu du contexte d'état d'urgence en France, pourquoi n'impose-t-on pas une interdiction de sortir de la Jungle à partir d'une certaine heure ? Il n'y a aucune raison de ne pas le faire. Le statu quo arrange surtout les No Border et quelques centaines de migrants, car ils sont des milliers et tous ne se laissent pas aller à des actions illégales ou de destruction. Il faut une interdiction de sortir du camp le soir, à partir d'une heure précise, une interdiction motivée par les questions de sécurité. L'état d'urgence le permet. On a aujourd'hui les moyens juridiques de le faire."
L'élu Les Républicains veut aussi que la France renégocie les accords du Touquet avec la Grande-Bretagne, qui a déplacé côté français le contrôle de la frontière britannique. Il l'avait déjà annoncé après la victoire du Brexit en juin.
#Calais : Même si ça ne viendra pas du gouvernement, il faut renégocier les accords du Touquet qui nous lient avec la Grande-Bretagne.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 12 août 2016