L'homme d'affaires ivoirien Charles-Kader Gooré, candidat déclaré au rachat du RC Lens, dénonce ce mardi, sur le site internet de L'Equipe, "une campagne de dénigrement" à son encontre.
"Je pense que nous avons la meilleure offre et le meilleur projet", a répété ce mardi Charles-Kader Gooré à L'Equipe. "On sait bien qu’il s’agit d’une campagne de dénigrement. Mais ce n’est pas bien grave. Quand nous aurons mis en route notre projet, on fera l’unanimité. Nous continuons à négocier. Nous pensons que Lens, qui a un public formidable, ne mérite pas d’être dans une souffrance qui dure depuis plusieurs années". L'homme d'affaires ivoirien, candidat au rachat du RC Lens, a de nouveau démenti faire l'objet d'un véto de Tracfin, la cellule du Ministère des Finances en charge de la lutte contre le blanchiment d'argent. "Pour que Bercy puisse se prononcer sur un fonds, il faut qu’il existe une offre acceptée, préalable au dépôt d'argent", a-t-il une nouvelle fois argumenté. "Mais on n’a jamais déposé de fonds sur le compte CARPA de Me Pardo. Ce sont ses honoraires qui ont été réglés. Ce qui est normal. Comme ceux des experts qui ont été sollicités. Comment Tracfin pourrait-il s’opposer à de l’argent qui n’a pas existé ?".
"Premièrement, j’ai pris un cabinet d’expertise comptable, Wingate, qui préside aujourd’hui l’organisation des experts comptable d’Île de France pour mener à bien le projet financier", plaide "CKG". "Deuxièmement, l’interlocuteur est Me (Olivier) Pardo qui n’est pas un cabinet caché dans un petit coin de la France. Nous avons fait une offre en bonne et due forme. Si le cabinet ne croit pas en mon projet, il ne va pas me suivre. Si je veux m’amuser, je ne viens pas le faire en France. J’ai un passé et un actif vérifiables. Je ne viens pas faire du buzz. C’est un milieu difficile et dangereux. Je ne peux pas prendre le risque de me mettre dans une affaire dont je ne connais pas l’issue. Je suis sûr de mes objectifs. Je suis en train de construire un vrai projet sportif." Rappelons qu'à ce jour, ni le Ministère des Finances dont dépend Tracfin, ni le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports où l'on suit avec attention le dossier lensois n'ont confirmé officiellement le véto opposé au projet de rachat de Gooré. "Je pense qu'il faut être prudent sur ces informations", nous a répondu lundi le ministre Patrick Kanner. "Je ne sais vraiment pas d'où ça vient". Ce qui est certain, c'est que l'homme d'affaires, proche de l'ex-président ivoirien déchu Laurent Gbabgo, suscite beaucoup de méfiance du côté des élus locaux qui craignent d'avoir affaire à un nouveau Mammadov.
"Partout où j’ai investi, je l’ai fait à 100%"
Dans son interview à L'Equipe, Charles-Kader Gooré, à qui l'on prête le soutien de fonds omanais, reste encore évasif sur ses partenaires potentiels. "Dans mes habitudes de business model, nous investissons directement et nous faisons appel ensuite à d’autres investisseurs", explique-t-il. "C’est la meilleure manière de montrer que vous croyez en un projet. Partout où j’ai investi, je l’ai fait à 100%. Puis, je me suis fait accompagner par d’autres partenaires. Le foot n’est pas un projet ordinaire. Il y a un risque d’échelle. J’ai pris le soin et le temps de discuter avec les uns et les autres. Je ne vais pas les dévoiler ici et maintenant. Mais j’ai l’assurance que ces partenaires vont me rejoindre plus tard quand j’aurai acquis le club."Le 13 avril, le magazine Jeune Afrique évoquait comme partenaires potentiels la compagnie aérienne Oman Air, la Bank Muscat et surtout l'Autorité publique pour la promotion des investissements et le développement des exportations (Paiped ou "Ithraa"). Cette dernière a démenti lundi être impliquée dans ce projet bien que Charles-Kader Gooré soit encore pour deux mois son représentant pour la Côte d'Ivoire et l'Afrique de l'Ouest. En revanche, ni Oman Air, ni la Bank Muscat n'ont répondu à nos sollicitations. L'Equipe avait également évoqué le soutien de l'Oman Investment Fund (OIF), le fonds souverain du sultanat. Nous avons interrogé à ce sujet l'ambassade d'Oman en France qui nous a répondu ce mardi par courriel : "L’Ambassade vous informe qu’elle ne possède pas des informations à vous transmettre concernant le sujet du projet de rachat du club de football français du RC Lens, ce dernier peut-être traité entre les deux parties". Pas de confirmation donc, mais vraiment de démenti non plus... Selon nos informations, Charles-Kader Gooré a bien transmis une offre au conciliateur désigné par le tribunal de commerce de Paris, dont dépend RCL Holding, la société propriétaire de 99.8% des parts de la SASP Racing Club de Lens. Les autres candidats ont jusqu'au vendredi 29 avril pour le faire. Soit Hafiz Mammadov, l'actuel actionnaire majoritaire de la holding, accepte une des offres retenues, soit la société dépose le bilan. Ce sera alors au tribunal de commerce de choisir le repreneur du club.