Selon nos informations, les candidats au rachat du Racing Club de Lens sont invités à déposer leur dossier de reprise auprès du conciliateur du tribunal de commerce de Paris avant la date du 29 avril.
Les choses s'accélèrent, semble-t-il, dans les coulisses du Racing Club de Lens. Selon nos informations, le conciliateur désigné par le tribunal de commerce de Paris, dont dépend RCL Holding, la société qui détient 99.8% des actions du club, a demandé aux potentiels candidats de déposer des "offres fermes et définitives", avant le vendredi 29 avril, pour reprendre la SASP Racing Club de Lens. Ils doivent notamment remplir les conditions fixées par un cahier des charges et présenter les garanties requises.
Sauf réveil de dernière minute d'Hafiz Mammadov, l'actionnaire majoritaire des Sang et Or, pour valider l'une des offres présentées au conciliateur, on se dirigera vers une "prepack cession" qui permettra de céder le club sans son aval. Mais il faudra au préalable que la "maison-mère", RCL Holding (détenue à 99,99% par le Baghlan Group de l'homme d'affaires azerbaïdjanais) dépose le bilan. Cette procédure à l'anglo-saxonne a été récemment introduite dans le droit français par une ordonnance du 12 mars 2014 portant réforme du droit des entreprises en difficulté. "On va dire au tribunal, lorsqu'on dépose le bilan, qu'on a déjà la solution", nous avait résumé la semaine dernière Me Philippe Hameau, avocat au cabinet parisien de Norton Rose Fulbright, qui a travaillé sur la première "prepack cession" réalisée en France avec l'entreprise Autodistribution. "Lors de l'audience, il peut y avoir plusieurs projets concurrents. Le tribunal s'assure que le candidat à la reprise présente toutes les capacités requises en s'appuyant sur le travail du conciliateur. Le prix n'est pas forcément le facteur déterminant. Les principaux critères sont surtout la sauvegarde de l'emploi et la pérennité de l'entreprise". Selon Me Hameau, le délai entre le dépôt de bilan et la validation de la cession par le tribunal de commerce peut prendre jusqu'à un mois dans le cadre de la "prepack cession". Si des dossiers de reprise doivent bien être présentés le jour où l'état de cessation de paiement est constaté, le tribunal peut encore fixer un délai pour permettre à d'autres candidats de se manifester.
Quels candidats en lice ?
C'est donc le tribunal de commerce, sous le contrôle du procureur de la République, qui déciderait du nouveau propriétaire du club. Le conciliateur ne privilégie pas de dossier mais essaie de susciter toutes les offres, au préalable, dans un cadre confidentiel. Difficile donc de savoir combien de candidatures ont déjà été déposées à ce jour. L'Ivoirien Charles-Kader Gooré, lui, a déposé la sienne. "J'ai un vrai projet qui s'appuie sur la formation. Je ne suis pas là pour faire un coup", a-t-il rappelé dimanche dans le JDD. Mais sa candidature ne semble pas du goût de tout le monde, notamment au niveau politique. Sa proximité avec l'ex-président ivoirien déchu Laurent Gbagbo et les nombreuses zones d'ombre sur son projet de reprise inquiètent, notamment les élus locaux. Vendredi, le journal Libération affirmait que Gooré avait été "disqualifié" par Tracfin, la cellule anti-blanchiment du Ministère des Finances. "Tout ça est faux à 100% !", a répliqué l'Ivoirien dimanche dans le JDD. "Cette histoire de Tracfin n'a aucun sens", nous a répondu lundi Me Olivier Pardo, son avocat. "Il n'y a eu aucun transfert de fonds". Pour le moment, aucune source officielle ne confirme ce prétendu véto de Tracfin. "Je pense qu'il faut être prudent sur ces informations", nous a confié le ministre la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner. "Je ne sais vraiment pas d'où ça vient".Selon nos informations, une nouvelle candidature de Grégory Maquet, PDG de Century 21 Bénélux, rassurerait davantage et aurait, elle, les faveurs des élus locaux. Le Bruxellois avait fait une offre en début d'année à Hafiz Mammadov qui n'avait pas été retenue. Mais il assure ce mardi dans France Football qu'il n'a pas totalement lâché l'affaire. "Si M. Mammadov donnait signe de vie, je pourrais revenir dans le jeu", déclare-t-il. "Il faudrait des signaux et un minimum de garanties. Le RC Lens, c’est unique pour moi. C’est le meilleur club d’Europe à reprendre. Il y a 90% de rationnel quand je dis ça, et il y a les 10% d’irrationnel qui font que ça bascule. Il y a une réelle attirance." Selon une source proche du dossier, l'homme d'affaires belge a été fortement invité à faire acte de candidature auprès du conciliateur. Reste à savoir s'il dispose encore des fonds nécessaires et s'il parviendra à rassembler un tour de table dans le court délai imparti. D'autres candidatures ne sont pas non plus à exclure. Le 14 avril, le RC Lens avait déclaré dans un communiqué avoir reçu "deux propositions de rachat".