Violences entre migrants et policiers à Calais : les riverains sont excédés

Les riverains qui assistent aux graves violences entre migrants et forces de l'ordre à Calais ont dit leur colère ce mardi matin. 

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Deux nuits de violences. Juste devant chez eux. Les riverains de la rue de Gravelines à Calais n'en peuvent plus. Ils n'ont pratiquement pas dormi, ont vu certains de leurs biens dégradés (palissades en bois, poubelles...) et disent avoir peur. Ce matin, face aux journalistes, certains ont exprimé leur colère. "Ras-le-bol, ras-le bol, ras-le-bol, lance un de ces riverains. On est fatigués. On n'a pas dormi ces deux dernières nuits. C'est déjà arrivé trois fois la semaine passée. Il faut arrêter deux minutes. "

"On n'y est pour rien, explique Sandy, une voisine. On leur a rien fait. On ne leur doit rien. On est les premiers à leur donner ce qu'on n'a pas. On leur donne des chaussures. On les voit malheureux. On compatit dans leur douleur. On sait qu'ils sont tristes mais c'est nous qui devenons tristes maintenant. On doit vivre avec une peur au quotidien."

Violences de 23h à 4h du matin

Des heurts ont de nouveau éclaté dans la nuit de lundi à mardi entre quelque 250 migrants et les forces de l'ordre sur la rocade d'accès au port de Calais, où les premiers tentaient de se cacher dans des camions. Entre 23H00 lundi et 04H00 mardi, quelque 250 migrants ont, "à plusieurs reprises, tenté de ralentir le trafic sur la rocade portuaire en posant divers objets sur la chaussée". 

"Les policiers ont dû repousser à plusieurs reprises les migrants de la rocade. Des projectiles ont été lancés sur les policiers", a ajouté ce porte-parole, précisant qu'ont été dénombrés "11 blessés très légers parmi les policiers", sans mentionner d'éventuels blessés parmi les migrants. La rocade portuaire a été fermée pendant deux heures, puis a ouvert et fermé plusieurs fois, a affirmé à l'AFP le Centre Régional d'informations et de coordination routière (Cricr).

Selon une source policière, les policiers ont dû faire l'usage de gaz lacrymogènes de nombreuses fois. De leur côté, les migrants ont "démonté des panneaux de signalisation pour faire des barrages sur la rocade", selon cette source, qui évoque l'aide de militants altermondialistes "No Border".  En outre, mardi matin vers 09H00, entre 200 et 250 migrants ont fait irruption sur la rocade portuaire, certains jetant des pierres en direction des policiers, a rapporté la préfecture. "Une cinquantaine d'entre eux ont jeté quelques pierres sur la rocade en vue de créer un ralentissement. Les CRS ont été déployés sur place et à 09H30 la zone était entièrement sécurisée", a déclaré le porte-parole.

A chaque fois les violences ont lieu dans une zone située près de la rocade portuaire et la jungle. Une vingtaine d'habitations se situent à proximité, comme le montre cette vue aérienne. 
La rocade portuaire a rouvert vers 11H00, selon le Cricr. Des heurts similaires avaient eu lieu la nuit précédentes, blessant légèrement 16 policiers et un migrant. "Jusqu'à présent les migrants reculaient lorsque les policiers avançaient, maintenant c'est eux qui viennent à nous, avec des cailloux", a avancé la source policière.

L'armée ?

Lors d'un point-presse, Natacha Bouchart, la maire de Calais, a dit avoir le ministre de l'Intérieur deux fois au téléphone ce mardi matin. Elle lui a redemandé l'intervention de l'armée pour apaiser la population et soutenir les forces de l'ordre ainsi que des renforts en Officiers de Policier judiciaire pour mener à bien les investigations jusqu'à transmission à la justice. "Un cran est dépassé, a-t-elle déclaré. Je ne veux pas mettre de l'huile sur le feu dans un dossier de plus en plus technique mais je demande plus de moyens pour agir." La mairie n'exclut pas non plus de faire des propositions de relogement pour les riverains concernés. 
Quelque 4 500 migrants, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur lundi, vivent dans la précarité dans le camp de la "Jungle" situé à l'est de Calais et jouxtant la rocade portuaire, dans l'espoir de passer en Angleterre, qu'ils considèrent comme un eldorado, via le tunnel sous la Manche ou le port de Calais. Le camp avait atteint le chiffre record de 6000 migrants il y a plusieurs semaines, poussant le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à se rendre à Calais pour y annoncer des mesures sécuritaires et humanitaires.
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