Gilles-Eric Séralini, professeur à l'Université de Caen,refuse que l'agence européenne chargée de la sécurité des aliments mène une contre-expertise sur ses recherches.
"Il n'est pas question que ceux qui ont autorisé le (maïs transgénique de Monsanto) NK 603 réalisent la contre-expertise de nos données, car il y aurait un conflit d'interêt avec leur autorité et leur carrière", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles avec l'eurodéputé française Corinne Lepage.L'EFSA est l'agence compétente au niveau européen en matière de sécurité des aliments. Ses avis conditionnent les autorisations de commercialisation et de mise en culture des organismes génétiquement modifiés.
Elle a été saisie mercredi par la Commission européenne. Mais pour que l'EFSA puisse rendre un avis rapidement, elle doit obtenir de M.Séralini les données brutes de son étude.
Le professeur Séralini et Corine Lepage ont réclamé "l'interdiction immédiate du NK 603 à l'importation et le réexamen de toutes les autorisations d'OGM et de pesticides".
Ils ont également demandé la généralisation des études sur deux ans pour les demandes d'autorisations et jugé que la durée de 90 jours proposée par la Commission ne sert à rien.
Une première réponse de l'UE dans l'attente des résultats de la contre-expertise pourrait être la suspension de l'autorisation de mise sur le marché accordée au NK-6O3 en 2004. Mais "aucun Etat n'a demandé cette mesure", a indiqué la Commission.
"Nous ne voulons pas sortir de l'EFSA, mais nous ne voulons pas que ceux qui ont autorisé les OGM réalisent cette contre-expertise", a déclaré Mme Lepage, qui fait référence aux scientifiques membres du panel OGM au sein de l'EFSA. Plusieurs membres du conseil d'administration de l'EFSA et plusieurs scientifiques ont en effet des liens étroits avec l'industrie agroalimentaire.
L'EFSA peut faire appel à des experts toxicologues qui ne sont pas membres du panel OGM pour crédibiliser cette contre-expertise.
Voir le reportage de Franck Bodereau et Jean-Michel Guillau
L'étude réalisée par l'équipe de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen, a été menée sur 2 ans. Elle démontre que des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié ont été frappés au bout de 13 mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.
Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a annoncé jeudi que si le danger des OGM était vérifié, la France "défendrait au niveau européen" leur interdiction.