Les 8 navires de la compagnie sont toujours à quai dont 3 à Cherbourg, le temps que direction et syndicats se mettent d'accord.
Et les négociations s'avèrent plus difficiles que prévu.
Ce mardi matin, syndicats et direction se sont retrouvés à Roscoff, le siège de la compagnie. On pensait alors s'orienter vers la fin du conflit.
Mais en réalité, les discussions sont très mal parties. La réunion a été suspendue vers 12h30 afin de retravailler le texte de propositions.
La direction a en effet soumis aux délégués syndicaux CFDT et CGT du personnel navigant une proposition d'accord-cadre devant servir de fil conducteur pour des négociations à venir en termes d'emplois, de salaires et de temps de travail. Mais le personnel navigant, très remonté, a "refusé de lâcher quoi que ce soit", explique Cyril Toulan, élu CFDT au comité d'entreprise.
Les syndicats sont en train de réécrire le texte.
Les marins ne veulent pas renoncer à certaines primes et refusent que ceux percevant des bas salaires se voient retirer des primes d'un montant plus élevé que ceux recevant des rémunérations plus importantes. Ils souhaitent aussi que la direction adopte une clause de "retour à meilleure fortune", à savoir que les efforts consentis en termes de salaires soient limités dans le temps jusqu'à ce que les finances de la compagnie aillent mieux.
"Tout le monde est prêt à donner, parce que tout le monde a envie de garder son emploi, mais pas dans les conditions qu'on nous propose", explique un salarié embauché en 1990 et à qui l'on veut retirer, selon lui, une prime de 150 euros par mois sur un salaire de 1 900 euros nets.
La compagnie, qui dessert la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne, a décidé vendredi d'immobiliser ses bateaux jusqu'à nouvel ordre en raison des grèves à répétition de son personnel navigant et a intimé l'ordre aux marins de quitter les navires, ce que ces derniers ont refusé de faire.
Ainsi, à Cherbourg, si les officiers ont assuré la relève aujourd'hui sur le Cotentin, navire de frêt, une dizaine de membres d'équipage a refusé de quitter le navire.
Le reportage à Cherbourg de Hélène Jacques et Charles Bézard :