"Que Choisir" dénonce les déserts médicaux : illustration à Isigny-sur-mer

Trouver un spécialiste quand on habite à la campagne : une galère ! Alors que l'UFC Que Choisir sort une enquête choc, notre équipe de reportage est allée à Isigny-sur-mer, dans le Calvados. 

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Un ophtalmologiste à Isigny ? Il n'y en a pas. 
Il faut aller à Bayeux ou à Saint-Lô, et donc faire une trentaine de kilomètres. 
Et c'est pareil pour nombre d'autres spécialités médicales. 

Les habitants d'Isigny sont donc obligés de se déplacer, et d'attendre ... plusieurs mois pour décrocher un rendez-vous. 
Et ça n'est pas tout. Bien souvent c'est plus cher, car les spécialistes installés dans les zones rurales pratiquent beaucoup le dépassement d'honoraires. 
Certains patients renoncent même à se faire soigner pour certaines pathologies (problèmes aux yeux par exemple).

Voir le reportage à Isigny-sur-mer de Pierre Marie Puaud et Claude leloche.

C'est cette "fracture sanitaire" que dénonce dans une grande enquête publiée ce mardi l'association de consommateurs UFC Que Choisir. L'association s'inquiète de l'exclusion de certains ménages du système de soins.

Prenant en compte à la fois les déserts médicaux et les dépassements d'honoraires, l'UFC-Que Choisir montre qu'il y a en France une "fracture sanitaire". 
L'étude est accompagnée d'une carte interactive sur laquelle on peut, pour chacune des 36.000 communes du pays, consulter sur le site de l'association 
l'offre médicale pour quatre catégories de praticiens: les médecins généralistes, les pédiatres, les ophtalmologistes et les gynécologues.

Jamais jusqu'ici l'offre sanitaire n'avait été étudiée sous le double aspect des déserts médicaux et des dépassements d'honoraires.
"Nous avons regardé les deux dimensions de l'accès aux soins, la dimension géographique et la dimension financière. Et c'est vrai que lorsqu'on couple les deux, les résultats sont assez dramatiques", a déclaré à l'AFP Alain Bazot, président de l'association consumériste.

En cliquant sur "la carte de l'intolérable fracture sanitaire", selon les termes de l'association, le patient-internaute peut trouver l'offre médicale pour les quatre catégories de praticiens étudiés et constater si son accès aux soins est facile ou non, surtout s'il veut être soigné uniquement aux tarifs opposables (remboursés par la Sécu).

Les déserts ne sont pas seulement dans les campagnes

L'enquête montre quelques surprises: il n'y a pas que dans les coins de campagne reculés qu'il est difficile de se faire soigner. Par exemple dans des grandes villes de plus de 100.000 habitants comme Orléans, Le Havre, ou Mulhouse, on ne trouve pas de pédiatres de secteur 1 (sans dépassements).
Au total, ce sont 58% des Français qui ont un accès difficile aux pédiatres conventionnés.

Pour les ophtalmologistes et les gynécologues, la situation est encore bien pire.
Non seulement ces spécialistes se font rares mais moins de la moitié (46%) pratiquent les tarifs opposables. Du coup ce sont 80% des Français, soit 51 millions de personnes, qui ont potentiellement des difficultés à y avoir accès.

Si la situation est meilleure pour trouver des médecins généralistes, plus nombreux et pratiquant peu les dépassements, 3,7 millions de personnes vivent néanmoins dans un désert médical et 13,6 millions connaissent un accès difficile à ces praticiens.

Réserver les aides publiques

L'association ne fait pas que constater mais milite pour que soit réduite cette "fracture sanitaire".
Elle demande que seuls puissent s'implanter dans les secteurs "surdotés" des médecins de secteur 1 et que les aides publiques soient réservées aux médecins de zones "sousdotées", comme le préconise la Cour des comptes.

Prônant à terme la disparition des dépassements, l'UFC Que choisir suggère de les plafonner temporairement à 40% du tarif Sécu (taux médian remboursé par les complémentaires santé) dans l'attente d'une refonte complète de la tarification des actes.



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