Chirurgiens des cliniques et internes des hôpitaux publics sont en grève à partir de ce lundi, avec le risque de voir de nombreux blocs opératoires fermés.
Au total, une trentaine de syndicats et organisations professionnelles appellent à la grève, une initiative peu fréquente dans ce secteur, avec des revendications différentes.
Les interventions chirurgicales ont été le plus souvent déprogrammées. Pour les urgences, des patients seront dirigés vers les hôpitaux. "Les hôpitaux seront tout à fait à même d'accueillir les malades", avait assuré dimanche la ministre de la Santé Marisol Touraine.
La grève des chirurgiens libéraux, à l'initiative du Bloc, syndicat majoritaire chez les spécialistes de bloc opératoire, va concerner 70% des cliniques privées, soit environ 700 établissements selon la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).
Un accord qui ne passe pas
A l'origine du mouvement, l'accord encadrant les dépassements d'honoraires, signé le 25 octobre sous la pression de Mme Touraine et signé par les trois premiers syndicats de médecins libéraux, généralistes et spécialistes (CSMF, SML, MG France).
Le président de l'Union des chirurgiens de France Philippe Cuq l'a répété ce lundi sur Europe 1: "Il faut à tout prix changer cet accord car il n'a pas pris en compte les spécificités de la chirurgie et de l'anesthésie".
Il a réclamé "le recours à des compléments d'honoraires" qu'il a distingués des "dépassements d'honoraires". Selon lui, si l'accord s'applique, "dans les trois ans qui viennent, le système va arrêter la pratique de la chirurgie libérale".
"C'est un bon accord", a réaffirmé pour sa part Mme Touraine lundi, tout en maintenant sa "porte ouverte".
Mais elle a également indiqué qu'elle était prête à "regarder comment peser sur les assurances que contractent les chirurgiens", "de plus en plus chères". Mais la ministre a observé qu'il y avait "peu de procès, beaucoup moins que ce que l'on imagine".
Malaise sur les conditions de travail
Du côté des hôpitaux, le mouvement des internes et chefs de cliniques, porte sur leurs conditions de travail et la liberté d'installation des futurs médecins.
Ils défileront lundi de la gare Montparnasse au ministère de la Santé (7e).
Une récente étude du principal syndicat d'internes, l'Isnih, dénonçait une "main d'oeuvre corvéable et bon marché pour faire tourner les hôpitaux".
Depuis plusieurs jours, Mme Touraine cherche à les rassurer en rappelant que, malgré les "rumeurs", le gouvernement "n'a pas la moindre intention de remettre en cause la liberté d'installation des médecins".
Le syndicat des anesthésistes hospitaliers (SNPHAR) a fait savoir qu'il ne s'associait pas au mouvement de grève des soins dans les hôpitaux, estimant qu'il va "pénaliser les usagers du service public pour des revendications du secteur libéral".
Mais la grogne semble plus générale, à en croire la colère qui s'exprime sur les réseaux sociaux, les médecins veulent prévenir le risque qui existe, selon eux, de voir disparaître la médecine libérale.
Le mouvement s'est fédéré dans l'Union française de la médecine libre (UFML), présidée par un généraliste de Haute-Garonne, le Dr Jérôme Marty de Fronton.
"Le mouvement est immense (...) Cette profession (fait face à) un manque de respect mais ça été amplifié par notre ministre", a-t-il dit à l'AFP.