Fanny, la jeune fille française qui a été agressée dans un bus de Melbourne, est originaire de Juilley dans la Manche. Son agression a fait le buzz, mais la jeune femme voudrait finir tranquillement son séjour en Australie.
L'agression verbale à caractère xénophobe de cette jeune Française par les passagers d'un autobus en Australie fait scandale depuis jeudi dans le pays et sur internet.
Fanny est normande, originaire de Juilley dans la Manche.
Notre équipe de France 3 l'a contactée, mais elle n'a pas souhaité répondre aux questions. Fanny aurait aimé que son histoire ne fasse pas un tel buzz.
Diplômée en commerce, elle est à Melbourne comme fille au pair depuis septembre dernier pour améliorer son anglais. Elle souhaite malgré cet incident aller au bout de son séjour en Australie, qui doit encore durer 6 mois.
Que s'est-il passé dans ce bus ?
Un groupe d'amies revenait d'une journée à la plage à Melbourne (sud) lorsque l'une d'elle s'est mise à chanter en français dans l'autobus bondé le soir du 11 novembre.
Un passager particulièrement agressif l'a alors prise à partie, l'agonisant d'injures, l'exhortant à "parler anglais ou mourir" et menaçant de lui couper les seins.
Un autre homme tirant une poussette l'a très violemment invectivée: "Putain, je vais te planter là, tout de suite, chienne".
Quelqu'un a immédiatement hurlé en écho: "Tout le monde dans ce bus veut te tuer".
Puis une vitre a volé en éclat.
"J'ai réalisé qu'on n'aurait peut-être pas dû chanter dans les transports publics mais je trouve incroyable qu'ils aient réagi comme ça", a confié Fanny au journal "The Age".
"Nous aurions pu avoir une conversation et parler calmement au lieu de toutes ces insultes et ces menaces", a-t-elle regretté. Selon la jeune femme, ses amies et elle ont entonné "des chansons populaires françaises joyeuses, pas grossières".
Le récit de Franck Bodereau, de France 3 Basse-Normandie
Le Premier ministre de l'Etat parle d'une agression "absolument honteuse"
Le Premier ministre de l'Etat de Victoria dont Melbourne est la capitale, a qualifié l'agression d'"absolument honteuse" et appelé la population à dénoncer ses auteurs afin que les autorités leur "passent un bon savon".
Dans un éditorial virulent, le Sydney Morning Herald a fustigé le comportement "d'idiots" en proie à "l'hystérie de masse, une éducation déficiente ou un passé malheureux".
Le groupe de presse Fairfax Media a de son côté déploré le silence des autres passagers. "Etre assis à côté d'un fanatique raciste et violent, c'est comme être assis à côté de la personne qui sent le plus mauvais dans le bus: vous retenez votre respiration et comptez les arrêts qu'il vous reste".
Une enquête pour "menaces verbales et injures racistes"
L'incident s'est produit le 11 novembre, jour du Souvenir pour les pays du Commonwealth - dont l'Australie fait partie - qui commémorent leurs soldats morts au front.
La police de Melbourne, qui vient d'être saisie, a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "menaces verbales et injures racistes".
La scène filmée par un passager outré, Mike Nayna, a été postée sur YouTube et a été visionnée près de 1,6 million de fois en quelques jours.
D'autres vidéos sur le même thème ont été visionnées 200.000 fois au total.
Mike Nayna, qui se définit comme étant "de couleur", affirme avoir été lui-même la cible de commentaires racistes après être intervenu.
Un homme lui a dit que les "Noirs devraient être cantonnés à l'arrière des bus", et proclamé à plusieurs reprises: "Je déteste les Noirs".
Les commentaires des Australiens étaient divers dans les médias et les réseaux sociaux, mais la plupart d'entre-eux condamnaient l'agression de la Française.
"J'espère que vous ne pensez pas que tous les Australiens se comportent de la même façon, parce que c'est faux. Ce type mérite une bonne leçon", a réagi un auditeur de la radio de Melbourne 3AW. "Il y a des racistes ici comme il y en a en France", a-t-il ajouté.
La version brute de l'agression de Fanny sur You Tube