Didier Hardy témoigne dans le cadre de l'émission Enquêtes de Régions diffusée ce vendredi 23 novembre sur France 3 Haute-Normandie.
Vous témoignez pour alerter sur la souffrance au travail. Vous-mêmes, l’avez vécu ?
Oui, et si j’ai accepté de parler face caméra c’est pour alerter tout le monde. Je raconte ce que j’ai enduré au bureau durant des mois. Je suis une solide carcasse d’1.92m, un homme, mais à l’intérieur je suis devenu fragile, J’ai trop souvent pleuré seul dans mon bureau, j’ai essayé de ne pas me mettre en arrêt maladie, de ne pas prendre de médicaments. J’ai eu une amie, heureusement qu’elle m’a soutenu. Je m’adresse tout particulièrement à ceux qui vivent ça en ce moment et je sais qu’ils sont nombreux. Dénoncez, ne laissez personne vous faire du mal, ou faire du mal autour de vous au travail.
J'ai beaucoup travaillé, j’ai gravi les échelons un par un, j’ai donné sans compter et ma réussite a sans aucun doute beaucoup dérangé. Si c’était à refaire je ne me laisserais pas faire, je ne serais pas sous l’emprise de qui que ce soit, c’est moi qui mènerais ma carrière en restant sur mes gardes et surtout je ne négligerais pas ma femme comme je l’ai fait pendant des années.
Comment peut-on qualifier ce que vous avez vécu ? C’est de l’abus de pouvoir, du harcèlement ?
Ça y ressemble ! L’abus de pouvoir commence quand on ne respecte pas les gens, quand on a du mépris pour eux. Nos dirigeants, et de plus en plus, n’ont pas les valeurs humaines qu’on nous a enseignées, que mes parents m’ont enseignées.
Moi je suis fils d’ouvriers et fier de l’être, et en fin de compte on m’a transmis des valeurs humaines que je ne retrouve pas dans ces jeunes dirigeants, qui eux sont là pour faire du fric, ils sont là pour faire une carrière.
Votre souffrance a été si lourde que vous avez tenté de vous suicider ?
Oui. Mes proches ne l’ont pas su, ils vont le découvrir durant l’émission. Un matin je suis parti de chez moi avec une corde dans le coffre de ma voiture, prêt à en finir. J’ai pensé à mes merveilleux enfants et je suis allé au bureau !
Si je témoigne c’est aussi parce que certains d’entre nous n’ont pas eu la force de surmonter les réflexions de leurs chefs, les complots ou l’isolement. Certains ont mis fin à leurs jours, au travail, à leur domicile, ou ailleurs, à ceux là je ne peux plus rien dire, je ne peux plus leur venir en aide. Quel dommage !