Jusqu'à fin mars, l'association créée par Coluche en 1985 va distribuer des paniers-repas aux plus démunis dans plus de deux mille centres répartis dans toute la France.
Et ce avec une double préoccupation : la quasi certitude d'une nouvelle hausse du nombre de bénéficiaires, sans garantie de disposer de l'aide alimentaire européenne dont ils dépendent en partie.
Pour la campagne précédente, 115 millions de repas avaient été distribués à 870 000 personnes. "La tendance qu'on constate depuis plusieurs années s'est confirmée encore en novembre avec les inscriptions : il y a toujours plus de familles, toujours plus de personnes à aider, et ces personnes sont dans des situations de plus en plus inextricables", explique Olivier Berthe, président de l'association.
Pour lui, c'est pratiquement une certitude : le seuil des 870 000 personnes sera dépassé lors de cette nouvelle campagne.
"L'année dernière, c'était la cinquième augmentation consécutive, soit plus de 30% de hausse sur cinq ans".
Les mères seules avec enfants représentent 40% des personnes accueillies, devant les personnes âgées et les jeunes.
"Leur pouvoir d'achat est de plus en plus rongé par les frais de logement ou d'énergie, et comme elles ont de toutes petites ressources, elles n'arrivent plus à faire face aux dépenses alimentaires", note Olivier Berthe.
Avec un taux de chômage autour de 10% et un taux de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté de 14%, il ne voit "pas un seul indicateur qui nous permette d'être optimistes" d'autant qu'"on constate une reprise du prix des matières premières alimentaires, de l'essence, des frais de logement et de chauffage".
Surtout, les Restos risquent d'avoir des difficultés à faire face si le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) n'est pas maintenu. Ce programme, qui permet de distribuer des repas à 18 millions d'Européens dans le besoin, dont 4 millions de Français, via les associations, devait être discuté vendredi à Bruxelles dans le cadre du budget européen, mais les dirigeants ne sont pas parvenus à un accord.
L'aide européenne représente 23% des repas et 15% des ressources des Restos qui n'ont aucun moyen de compenser ce manque. La générosité des donateurs ne suffirait pas, même si pour l'instant, les Restos n'ont pas connu de crise des dons. En 2011, après un appel à l'aide pour obtenir 5 millions d'euros supplémentaires afin de faire face à l'afflux de demandes, l'association a enregistré "un énorme sursaut de générosité", allant même au-delà de la somme espérée.
Le président des Restos l'explique par une "confiance renforcée par une grande rigueur budgétaire", surtout la faiblesse des frais généraux (6,9%) de l'association.
Les dons et legs (90% venant de particuliers, 10% d'entreprises) représentent 52% du budget des Restos, les revenus générés par les Enfoirés environ 15% et les subventions publiques 30% (dont européennes).
Autre lueur d'espoir, les bénévoles continuent de se presser aux Restos : ils seront 63 000 pour cette campagne, contre 60 000 l'an dernier.
Les Restos dans la région :
En Basse-Normandie, les Restos du Coeur c'est 1 486 bénévoles oeuvrant dans 35 centres.Lors de la campagne 2011-2012, ils ont soutenu 7396 personnes dans le Calvados, 5 845 dans la Manche et 4 633 dans l'Orne à qui ils ont servi 2 310 000 repas. 1 283 000 dans le Calvados, 580 000 dans la Manche et 447 000 dans l'Orne.
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