Les ministres de la pêche de l'Union européenne ont signé un accord a minima sur les quotas de captures pour l'année 2013, nettement moins ambitieux que les propositions présentées par la commissaire chargée de la pêche.
L'accord a été signé ce jeudi matin à 6H49, heure locale, a annoncé le ministre français Fréderic Cuvillier sur son compte twitter.
Il aura fallu deux journées et deux nuits de négociations pour aboutir à un accord qui satisfait Paris, Madrid et Dublin, qui jugeaient trop "brutales" les réductions proposées par la commissaire européenne Mme Damanaki.
Les ministres ont obtenu la reconduction des quotas les plus importants - concernant les poissons les plus pêchés - et réduit les objectifs ambitieux de Mme Damanaki sur les autres.
Selon les zones de pêche, elle voulait réduire les captures de 20% à 38% pour la baudroie, de 20% à 25% pour le cabillaud, de 32% pour le merlu, de 20% à 55% pour l'aiglefin, de 20% à 80% pour la sole et de 20% à 40% pour la sardine.
Concernant les langoustines, elle demandait une baisse de l'ordre de 18% à 21%.
La France, l'Angleterre et l'Espagne satisfaites
A l'issue de la réunion, M. Cuvillier, le ministre français, s'est félicité de "quotas en hausse ou stabilisés pour la plupart des stocks en mer du Nord, Manche, Golfe de Gascogne et mer Celtique".
L'accord prévoit par ailleurs des quotas "en baisse adaptée lorsque les experts scientifiques ont exprimé des inquiétudes sur l'état des stocks", a-t-il ajouté.
L'Espagne est également "très satisfaite, car l'accord répond à toutes nos demandes", a souligné Miguel Arias Canete.
Même contentement de la part de la délégation britannique. "Nous sommes parvenus à obtenir le meilleur accord possible pour l'industrie de la pêche britannique", ont souligné les ministres Owen Paterson et Richard Benyon via un message sur le compte twitter de la représentation britannique à Bruxelles.
"Nous sommes parvenus à un compromis. Les propositions de la Commission étaient plus ambitieuses, mais je suis satisfaite", a concédé Maria Damanaki.
"L'intransigeance de la commissaire"
Les négociations ont été longues et particulièrement difficiles à cause de son "intransigeance", a déploré le ministre espagnol.
Cette position a eu pour conséquence de coaliser contre elle de nombreux Etats aux intérêts pourtant divergents, a souligné un négociateur. "Ses propositions sont brutales et vont au-delà de l'approche de précaution", ont protesté plusieurs délégations.
Les représentants des grosses flottes de pêche lui ont sèchement rappelé que l'accord sur le rendement maximal durable (RMD) permettant le renouvellement des stocks, prévoit qu'il soit atteint en 2015 pour les stocks "pour lesquels cela est possible" et au plus tard en 202O.
Or la commissaire "voulait atteindre ces rendements dès 2013, et pour ce faire, elle sabrait dans les quotas", a expliqué un négociateur.
"L'Espagne s'est engagée à atteindre le RMD en 2015", a insisté le ministre espagnol. "Nous devons prendre en compte les intérêts économiques de notre flotte et nous camperons sur cette position", a averti M. Arias Canete.