A l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA), des agriculteurs manifestent devant la préfecture pour dénoncer les normes environnementales qui, selon eux, menacent la viabilité économique des élevages.
Une manifestation similaire a eu lieu ce matin à Saint-Lô.A Caen, le rassemblement est pacifique, si ce n'est que la préfecture est cernée par des tracteurs et que la zone est bouclée. Les manifestants doivent ensuite défiler dans les rues de Caen.
Photos, Christophe Meunier et Pierre-Marie Puaud :
Mais il n'en a pas été de même ailleurs.
Ainsi à Paris, dès l'aube, ce mercredi, des tas de paille et de palettes ont été déversés à deux pas du ministère de l'Agriculture, situé Rue de Varenne à Paris. Des camions de lisiers, destinés au ministre Stéphane Le Foll dont la fédération d'Ile-de-France réclame la démission, ont été bloqués par les gendarmes mobiles sur les Champs-Elysées.
Mardi soir au Mans, 150 agriculteurs ont déchargé du fumier et des pneus devant la cathédrale. A Rennes, une quarantaine de militants ont érigé un mur de parpaings devant la Direction régionale de l'environnement.
D'autres actions sont prévues dans la journée partout en France.
"Il s'agit d'un débat syndical", rétorque-t-on au ministère qui remarque que cette journée, menée par la principale force syndicale agricole, intervient à quelques jours des élections aux Chambres d'agriculture.
Faux, assurent les agriculteurs qui dénoncent les nouvelles règles imposées par le gouvernement.
Menacée de lourdes sanctions financières par Bruxelles pour non-respect de la directive nitrates adoptée il y a plus de 20 ans, la France a pris récemment des mesures restreignant diverses pratiques agricoles pour protéger les points de captage de l'eau et les nappes phréatiques.
Fin 2012, 860 communes de plus ont notamment été classées "zones vulnérables" sur les 18.000 qui l'étaient déjà dans les six bassins fluviaux du pays.
Bataille syndicale
Pour Damien Greffin, président de la fédération d'Ile-de-France, ces "nouvelles mesures édictées à l'emporte-pièce sur la protection des captages reviendraient à sortir 3 millions d'hectares de la production agricole".
"Nous souhaitons un assouplissement des réglementations, qui nous imposent notamment des investissements trop lourds pour les petites exploitations comme par exemple de disposer d'une aire de lavage pour les engins d'épandage avec récupération des eaux usées", demande de son côté le président de la fédération de la région Paca, Claude Rossignol.
"C'est un processus qui n'est pas lié à ce que j'ai pu faire mais que j'ai trouvé en arrivant", a déclaré le ministre à l'AFP. "Si je ne fais pas ce qu'il faut, c'est l'Europe qui nous imposera des règles et nous aurons à payer des pénalités".
Rue de Varenne, on promet donc d'ouvrir une concertation mais seulement après les élections syndicales du 31 janvier, avec "le triple objectif de se conformer aux exigences européennes, d'assurer la protection de l'environnement tout en permettant aux agriculteurs de travailler".
"Ça va faire trois ans que ces mesures sont dans les tuyaux et le gouvernement actuel n'a fait que suivre ce qui avait été brossé par la précédente majorité", fait valoir de son côté François Lucas, de la Coordination rurale, syndicat minoritaire.
Et le syndicat de s'insurger "contre la mauvaise foi de la FNSEA, qui, complice des réglementations successives en matière de contraintes environnementales dénonce aujourd'hui le règlement contre la pollution aux nitrates".
La directive en cause est un règlement européen datant de 1991 qui vise à protéger les réserves d'eau en surface et en sous-sol des pollutions par les nitrates contenues notamment dans les engrais et dans les déjections animales.
Son non-respect vaut depuis des années à la France des menaces de sanctions auxquelles elle n'a échappé que de justesse, notamment en 2007 et en 2011.