Petroplus : rassemblement et ultime attente...

Les 470 salariés de la raffinerie de Petit-Couronne vont enfin connaître le nom des repreneurs potentiels du site aujourd'hui mardi. C'est l'ultime délai accordé par l'administrateur judiciaire. Symboliquement, les salariés appellent à un grand rassemblement à midi devant les portes de l'usine.

Le délai pour les offres de reprise de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime) s'achève ce mardi, sans que s'impose une candidature solide a priori. "Ce n'est pas un dossier facile, il est difficile de constituer une offre solide, on aide les uns les autres à établir un dossier crédible", résume une source proche du dossier interrogée par l'AFP, selon laquelle "trois offres devraient être déposées".

Ce mardi midi :

Margot Loizillon  (avec Philippe Derouet)  fait le point juste avant le début du rassemblement devant la raffinerie et quelques heures avant la réponse du tribunal de commerce :


L'aide de l’Etat ?

Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, en direct ce mardi matin sur RTL, commente la réunion d’hier soir à Matignon :
« Les  offres sont limitées,  mais pas impossibles [ et ]  l’Etat participera à l’offre de reprise »

Une journée décisive

L'intersyndicale de la raffinerie, qui a appelé à un grand rassemblement ce mardi midi devant le site pétrolier, était reçue hier soir à Matignon. "Notre volonté et notre combat ont permis que cette raffinerie soit encore debout aujourd'hui, alors qu'il y a un an personne ne nous donnait plus de quinze jours
à vivre. Il n'est pas envisageable pour nous que ce combat se termine par une fermeture de site"
, a dit Yvon Scornet, le porte-parole CGT de l'alliance syndicale.

Ils ajoutent dans un communiqué : "Ce week-end encore, beaucoup de choses ont changé dans le contenu de ces offres et ce qui sera déposé n’aura peut-être plus grand chose à voir avec les dossiers qui étaient présents le mois dernier. Le gouvernement parle de priorité faite à l’emploi et bien, nous le prenons au mot. Il a tout fait pour écarter toute offre de la part d’une société iranienne, alors que cette offre non seulement n’était pas contraire à l’embargo mais était une réponse aussi à d’autres sociétés françaises mises en difficulté actuellement. Maintenant, que le gouvernement fasse en sorte que dans les offres déposées, une puisse obtenir la cession."

Sollicités, les services du Premier ministre n'ont pas souhaité faire de commentaire, le ministère du Redressement productif affichant lui "la mobilisation" du gouvernement pour trouver une solution. François Hollande, qui s'est rendu début janvier à Petit-Couronne un an après une visite lors de la campagne présidentielle, y a dit que l'Etat ferait son "devoir" mais ne pourrait être le repreneur.

Trois repreneurs déclarés

Selon les syndicats, trois parties restaient intéressées le mois dernier : la société NetOil basée à Dubaï contrôlée par l'homme d'affaires libano-américain Roger Tamraz, l'irakien Jabs Gulf Energy Ltd et l'iranien Tadbir Energy Development Group. NetOil, qui avance un plan d'investissement de 468 millions de dollars avec à ses côtés des poids lourds comme l'industriel sud-coréen Hyundai Heavy Industries et le géant pétrolier britannique BP, a confirmé vendredi à l'AFP qu'elle allait déposer une offre "complète", selon son représentant en France, Dominique Paret.

De source proche du dossier, l'offre de NetOil est néanmoins loin du compte. La piste iranienne quant à elle est compliquée par les sanctions pétrolières en vigueur contre le régime islamique. Restent des pistes avec le pétrole irakien, ou encore du côté de la Libye, dont le fonds souverain avait émis des marques d'intérêt.

Shell, que les syndicats de la raffinerie espéraient voir participer à une réunion avec l'Etat, n'était pas représenté hier soir à Matignon. Exploitant historique du site, il avait cédé la raffinerie au suisse Petroplus en 2007 et les syndicats le renvoient à sa responsabilité d'ancien propriétaire.
Le contrat de six mois négocié avec Shell par l'ancien gouvernement lors de l'élection présidentielle a pris fin mi-décembre, entraînant la "mise sous cocon" de la raffinerie, dont le redémarrage reste possible mais coûteux. Du fait de cet arrêt, "la mariée est moins belle", fait remarquer Dominique Paret.

Et après ?

Qu'adviendra-t-il après aujourd'hui ? "Si des offres sont déposées, il faut compter une quinzaine de jours après pour avoir une décision", selon Laurent Patinier, représentant CFDT. Un comité d'entreprise extraordinaire est prévu le 6 février après-midi, avec une présentation des offres éventuellement déposées. Dans le cas inverse, une liquidation immédiate peut être prononcée par le tribunal de Commerce de Rouen. "Mais notre convention collective prévoit cinq semaines incompressibles avant que l'on reçoive les premières lettres de licenciement", explique le syndicaliste.

Ouvert en 1929, le site de Petit-Couronne est menacé depuis plus d'un an : dans la foulée de l'effrondrement de sa maison mère Petroplus, la raffinerie a déposé son bilan le 24 janvier 2012. Elle a été placée en liquidation judiciaire le 16 octobre, avec poursuite de l'activité pour deux mois.

En France, le nombre de raffineries a été divisé par deux en 30 ans. Le territoire national ne compte plus qu'une dizaine de raffineries en activité, dont celle de Petroplus à Petit-Couronne contre plus du double au début des années 1980, conséquence notamment de la chute de la consommation française de carburants. Un lent déclin qu'ont connu les salariés alsaciens de Petroplus Reichstett, dans le Bas-Rhin, en 2011. Reportage signé Luc Lacroix et Alex Gohari :


Avec les interviews de :
  • Claude Philipponneau, directeur du site Petroplus Reichstett
  • Pierre Alteirac, ex-salarié de Petroplus Reichstett
  • ​Eric Haennel, ex salarié de Petroplus Reichstett

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