Le maire du Mont Saint-Michel, condamné pour prise illégale d'intérêt le 27 février, a décidé de faire appel de ce jugement du tribunal correctionnel de Coutances.
Eric Vannier a été jugé coupable d'avoir usé de son statut d'élu pour favoriser ses propres affaires et condamné à 30 000 € d'amende, dont 20 000 € avec sursis.
Ce jeudi, il fait savoir dans un communiqué de presse qu'il a décidé de faire appel de cette décision.
"Je le fais, écrit-il, pour réparer une décision que je considère comme injuste alors même que le tribunal ne m’a pas reproché d’avoir décidé du positionnement des navettes puisque j’y suis étranger, qu’il a considéré que l’intérêt public et mon intérêt personnel n’étaient pas contradictoires mais convergeants et qu’il m’a au contraire donné crédit pour toutes mes actions depuis 30 ans pour rendre le Mont Saint-Michel à la mer et pour défendre son accessibilité populaire."
Mais par cette démarche, Eric Vannier veut aussi élargir le propos au-delà de son cas personnel.
Il souhaite ainsi "éviter qu’à l’avenir la commune du Mont Saint Michel soit au mieux impuissante ou au pire disparaisse puisque le tribunal considère que tout Montois élu exerçant une activité au Mont Saint-Michel serait en état permanent de prise illégale d’intérêt", poursuit-il dans son communiqué.
Il entend "défendre l’exercice de la démocratie locale de toutes les petites communes de France dont les élus sont issus de l’activité dominante touristique ou agricole et qui sont désormais sous la menace des tribunaux pour chacune des actions de valorisation de leur commune."
Et le maire interroge :
"Devons-nous annuler l’étape du Tour de France puisque sa médiatisation positive auprès de 1,5 milliard de téléspectateurs va de toute évidence mécaniquement retentir positivement sur les activités des montois et sur celles de leurs élus ?"
"Devons-nous être absents de toutes les futures décisions du Syndicat Mixte concernant le Grand Projet du Mont Saint-Michel qui déterminent pourtant l’avenir de la commune et ceci à un moment où une réorganisation des accès du Mont Saint-Michel est en cours avec des problématiques fondamentales concernant notamment la tarification et l’efficacité de son système de transport ?"
Rappelons qu'Eric Vannier était soupçonné d'avoir usé de son statut d'élu sur la question des navettes dédiées aux touristes.
Depuis le 28 avril 2012, le point de départ de celles-ci se trouvaient devant ses propres établissements. Il possède une trentaine de commerces sur le rocher.
Le parquet l'avait cité à comparaître à la suite d'une plainte de son rival Patrick Gaulois, ex-maire UMP du Mont-Saint-Michel de 2001 à 2008, lui-même propriétaire de plusieurs établissements.
Lors du procès qui s'était tenu le 30 janvier, dernier, Eric Vannier avait martelé "j'ai vraiment défendu comme je l'ai toujours fait l'intérêt général", avec l'objectif "d'améliorer l'image du Mont".
En plus de l'amende, il encourait une peine d'emprisonnement.
A l'énoncé du délibéré, il a réaffirmé n'avoir rien à se reprocher dans ce dossier.