Jean-Marie Machado et son grand orchestre Danzas ont invité le chanteur gascon André Minvielle à remettre Boby Lapointe sur le devant de la scène avec le spectacle " La fête à Boby ".
Ce mercredi, salle Marcel Hélie, c'était "La fête à Boby". Jean-Marie Machado, son grand orchestre Danzas, et le chanteur gascon André Minvielle ont fait revivre les chansons de Boby Lapointe. Des chansons que le public ne semblait pas avoir oubliées, des chansons qui se sont transmises au fil des générations et dont l'humour et la liberté apparaissent salvateurs en ces temps de morosité.
Comment est venue l'idée de ce spectacle ?
Jean-Marie Machado - En 2013, plus que jamais, il faut recréer cet espace pour l'abstraction, la dérision et en même temps la grande intelligence littéraire qu'avait Boby Lapointe. Pour nous, c'est vraiment un grand honneur de remettre ce grand Monsieur au présent car je crois qu'on en a plus besoin que jamais aujourd'hui, dans cette espèce de pression qu'on nous met sur la casquette à longueur d'années, sur la crise qui permet à beaucoup de gens de ne rien faire pendant que tout le monde est en train d'en baver. Ce monsieur nous rappelle ce que c'est que d'être libre dans sa tête, de voyager, de partir dans d'autres choses et je crois que les gens montrent qu'ils ont envie d'autres choses.
André Minvielle - Il renvoie à quelque chose qu'on sent tous confusément qui représente l'époque d'aujourd'hui, c'est le grand domaine du même, avec la médiatisation, on a l'impression que tout est pareil, tout se ressemble.
Jean-Marie Machado - C'était aussi le moment de ramener ce monsieur qui manque aux gens car il y a un vrai rapport émouvant avec quelqu'un qui a disparu et qui n'a peut-être pas eu le succès qu'il méritait en son temps, quelqu'un qui a su malgré tout, malgré une médiatisation très faible, à faire passer ses chansons à travers les gens. Elles se sont transmises dans les familles. Il a quand même créé un art patrimonial qui dépasse toute forme de médiatisation. C'est un exemple.
Comment recréer ces chansons musicalement ?
Jean-Marie Machado - Je voulais que les gens reconnaissent les chansons de Bobby Lapointe à 100%, qu'ils soient heureux de les réentendre. Ca veut dire tout de suite qu'on enlève ce que nous jazzmen on sait très bien faire: tourner autour d'un thème, dévier, casser, reconstruire autrement. Je voulais vraiment que les gens retrouvent ces chansons comme ils les avaient quittées. Mais bien sûr, pas de la même manière. Il fallait donner notre touche. Il a donc fallu construire une musique et ça a été un des travaux les plus difficiles. En fin de compte, il n'y a pratiquement rien dans la musique de Boby Lapointe: ce sont des marches militaires, des petites ritournelles. Il a fallu trouver des idées qui avaient la force de sa littérature.
André Minvielle - Ma hantise, c'était de devoir jouer Boby Lapointe. J'ai vu les films où il chante. C'était une bête, ce type ! Je pense qu'il écrivait comme il vivait.
Mon dada, c'est le rythme. Lui, le rythme, ce n'est pas qu'il est arythmique, c'est qu'il fait rentrer des choses dans des rythmes où d'habitude elles ne rentrent pas ! Comment rendre cette démesure ? Il faut être libre et même plus que ça.
Est ce que les textes de Boby Lapointe ne sont pas une forme de jazz ?
André Minvielle - Oui, parce que pour moi il y a des fuites dedans et le jazz c'est la musique de la fuite. C'est pas carré. On tord les choses.
Jean-Marie Machado - Sa façon de jouer avec les mots, avec les sonorités rappellent beaucoup la façon dont nous utilisons les notes, les harmonies. C'est vraiment peut-être là le lien avec le jazz. C'est comme une sorte de chorus de mots.