Les marins Francs-Maçons de Normandie. La première des cinq conférences organisées à Rouen en marge de l’Armada se déroulait cet après-midi rue du Contrat social. Une quarantaine de personnes pour un sujet passionnant.
La Normandie et la Franc-Maçonnerie, une histoire de relations étroites notamment sur fond de mer, de marins, de relations internationales. Si les bateaux transportent les hommes et les marchandises, ils véhiculent aussi les idées. Les Français, et les Normands par leurs ports et leurs ambassadeurs ont essaimé le tout de part le monde pendant plusieurs siècles.
Au delà de la réflexion développée en loge durant les travaux, militaires, marins civils ou détenteurs d’une lettre de course (corsaires) en perpétuel mouvement, avec des vies périlleuses, ont sans doute aussi trouvé dans la Franc-Maçonnerie sociabilisation, solidarité et repères qui leur faisaient défaut.
Le Havre est également emblématique, de l’ouverture sur le monde de la France favorisée par les frères normands. Cette ville a vu se développer les loges de marins très vite, sous l’influence conjointe de Paris dont elle était le port et de Londres, les FM anglais étant des voyageurs actifs. Et cela quels que soient les époques, et le sujets, mêmes ceux qui demeurent douloureux.
Progressiste et dans son temps
Se pencher sur l’histoire régionale de la Franc-Maçonnerie c’est conter aussi l’histoire de l’évolution de la pensée de la société elle-même. Si la cité havraise a connu beaucoup de marins illustres en maçonnerie, la ville et la Franc-Maçonnerie ont été aussi le reflet de leur époque. A commencer par la traite négrière. Le Capitaine Fabre, Léon Martel. même Edouard Corbière, poursuivi pour délit ses opinions libérales par la Restauration, tous maçons, ont comme d’autres participé activement à la traite et au commerce triangulaire. Car toute progressiste qu’elle soit structurellement, actrice de son temps comme moteur dans l’évolution des mentalités sur des sujets de société, c’est toujours et logiquement par rapport à un instant donné.Ces normands voyageurs au long cours et initiés ont également essaimé les couleurs de la France au gré de leurs voyages. Ainsi Akaroa, village situé dans la péninsule de Banks dans l'Île du Sud en Nouvelle-Zélande, se vante d’avoir des repères issus de ses aïeux français. Des baleiniers normands Francs-Maçons au début du 18è siècle avaient non seulement posé les couleurs françaises mais aussi installé une loge, et ainsi colonisé de fait les lieux, au grand damne des cousins grands bretons qui y mirent « bon ordre » une dizaine d’années après. A Hawaï aussi la loge « le Progrès de l’Océanie » a essaimé sur la côte ouest du continent nord-américain et aujourd’hui encore la Grande Loge Californienne vit sur une partie de cet héritage.
- Bougainville et la Pérouse : pourquoi les marins se font-ils initier en franc-maçonnerie au siècle des lumières ? le 9 juin à 14h.
- "Les négriers et la Franc-Maçonnerie" le 9 juin à 15h
- "Symbolisme et Rituels dan sla Marine Natinale" le 9 juin à 16h
- "Que signifiait pour un officier de marine d'entrer en maçonnerie en 1790 : le cas du Capitaine Jean Lhermitte" le 9 juin à 17h.
Ces manifestations se tiennent au 4 rue du Contrat Social à Rouen.