Le député radical de gauche du Calvados, Alain Tourret, a vivement dénoncé ce mercredi en commission les conditions de travail "insupportables" des députés et leur impact sur la santé mais aussi sur la qualité de la loi, menaçant de saisir le procureur de la République.
Dès le démarrage des travaux de la commission des Lois, Alain Tourret, ancien avocat spécialiste du droit du travail, âgé de 65 ans, a "solennellement" protesté contre des "conditions de travail insupportables".
"Nous avons arrêté nos travaux à 2H30 du matin (fin de la séance publique sur le projet de loi de moralisation de la vie publique, ndlr), nous les reprenons
à 9H30, c'est un véritable harcèlement. Les conditions de sauvegarde de notre santé physique et morale posent problème (...) Pour le mois de février, j'ai passé à l'Assemblée nationale 250 heures", s'est écrié cet avocat spécialiste du droit du travail.
"J'ai l'intention de saisir Monsieur le procureur de la République et j'ai déjà prévenu à plusieurs reprises le président Bartolone qu'un certain nombre d'entre nous étaient très fatigués", a ajouté Alain Tourret, avant d'évoquer son "ami" Michel Crépeau, victime d'une crise cardiaque dans l'hémicycle en 1999 avant de décéder une semaine plus tard.
"Nous faisons du sarkozysme en pire"
Alain Tourret a aussi critiqué l'examen de nombreuses lois "en urgence", avec une seule lecture par chambre, jugeant que "la loi est mauvaise, mal rédigée (...) en commission, on travaille à la hache, à la serpe, à la faux".
"J'ai été parlementaire entre 1997 et 2002, nous n'avions pas ça, et le gouvernement Jospin gouvernait bien, nous avions la dream team et une majorité qui marchait bien. Il y a fondamentalement quelque chose qui ne marche pas", a-t-il insisté.
Dominique Raimbourg (PS), qui pilotait les travaux de la commission, a répondu au député du Calvados que "l'irritation et la fatigue (étaient) ressenties par beaucoup" et que les séances de nuit, "outre qu'elles (étaient) extrêmement onéreuses, (étaient) des conditions de travail difficiles". Il a promis de faire remonter ces doléances.
Voyez la déclaration d'Alain Tourret dans la vidéo ci-dessous :
