Elles avaient demandé en avril à être reçues par le juge anti-terroriste. Celui-ci a accédé a leur requête. Les familles des victimes de l'attentat de Karachi sont attendues ce jeudi 27 juin dans le bureau de Marc Trévidic.
Le juge antiterroriste Marc Trévidic recevra ce jeudi 27 juin les blessés et les familles des 11 salariés de la Direction des constructions navales (DCN) tués dans l'attentat de Karachi en 2002, notamment pour faire un point sur les défaillances des mesures de sécurité, a-t-on appris de source proche du dossier. L'attentat avait fait au total 15 morts le 8 mai 2002.
Une sécurité sacrifiée ?
En avril, plusieurs familles ont demandé l'audition de témoins pour comprendre pourquoi la sécurité des employés "avait été sacrifiée". Elles veulent notamment que soit entendu un conseiller juridique de la DCN, Didier Panza, qui avait alerté, dans un rapport rédigé en juillet 2002, les responsables de la société d'armement et la justice sur le statut des salariés français travaillant au Pakistan.
Dans ce rapport, M. Panza soulignait que les employés de la DCN, envoyés au Pakistan dans le cadre d'un contrat avec une société privée, et non directement par l'État, n'avaient "pas bénéficié de la protection de l'État français accordée aux agents en mission ou en coopération". Le juriste avait transmis son rapport en octobre 2002 au juge alors chargé de l'enquête, Jean-Louis Bruguière, lui précisant avoir prévenu la DCN, dès "fin juin 2001" des problèmes que posaient "le prêt illicite de main d'oeuvre" et la "légalité de leur mission".
Les employés de la DCN avaient-ils été sensibilisés aux risques terroristes ?
Le juge avait classé le rapport sans l'exploiter. "Même un néophyte peut constater qu'il y a un danger à confier la sécurité de ressortissants français à la seule armée pakistanais dans un contexte pareil", a dit M. Panza, entendu par les juges le 28 mai, selon le PV consulté par l'AFP. Les juges ont également entendu quatre responsables de la DCN ayant pris connaissance de la note de M. Panza. L'un d'eux a affirmé que les salariés avaient bénéficié d'une "sensibilisation" faite à Cherbourg avant leur départ.
"Je n'ai bénéficié d'aucune sensibilisation sur un risque terroriste, ni à Cherbourg, ni à Karachi", a rétorqué, dans une lettre au juge, Gilles Sanson, blessé dans l'attentat. Dans l'affaire Karachi, la DCN est déjà visée par une information judiciaire ouverte en mai 2012, à la suite d'une plainte pour "manquement à la sécurité" déposée par six rescapés de l'attentat.
Dans le volet financier, Ziad Takkieddine, l'intermédiaire au coeur de l'enquête, a avoué aux juges avoir participé au financement occulte de la campagne d'Edouard Balladur à la demande du directeur de campagne du Premier ministre, Nicolas Bazire et de Thierry Gaubert, tous deux mis en examen dans ce dossier.
(AFP)