Propriété de la Communauté urbaine de Cherbourg, l'abattoir est loin d'atteindre son seuil de rentabilité. Son avenir est menacé et avec lui toute la chaîne du circuit court, de l'éleveur au boucher.
Objectif: atteindre les 3500 tonnes de bêtes abattues à la fin du mois de décembre. L'abattoir public de Cherbourg en est loin: 2600 tonnes par an. La situation financière du site se dégrade depuis plusieurs mois et son avenir est menacé. Depuis plusieurs semaines, la communauté urbaine de Cherbourg (CUC), consulte les différents acteurs de la filière: utilisateurs, éleveurs et bouchers. La Société mutuelle d'abattage du nord-Cotentin (Smanco) à qui la CUC a confié la délégation de service public de l'établissement, serait partisane de l'installation d'un site plus moderne au marché aux bestiaux de Carentan. Montant estimé de ce projet: 2,7 millions d'euros. Une autre piste est évoquée: la modernisation de la chaîne d'abattage du site cherbourgeois qui nécessiterait un investissement de deux millions d'euros.
Dans le Nord-Cotentin, c'est toute une filière qui est inquiète, une filière réunissant une quarantaine d'éleveurs et des artisans-bouchers, les acteurs d'un circuit court. Pour Pascal Hébert, éleveur à Carneville, si Charbourg ferme, "on arrêtera la production ovine, c'est clair". Une catastrophe pour certains artisans bouchers dont la réputation repose sur le contact direct avec les éleveurs et l'achat des bêtes à la ferme. " A l'époque des scandales alimentaires, je pense que les gens sont très sensibles aux questions de la qualité et de la sécurité", explique Ludovic Lamache, artisan boucher. Et le malheur des uns pourraient faire le bonheur des autres, les grossistes. Des sociétés privées auraient déjà commencé à démarcher des bouchers du Nord-Cotentin.
Reportage de Jean-Baptiste Pattier et Sylvain Rouil
Intervenants:
- Ludovic Lamache, artisan boucher
- Pascal Hébert, éleveur Ferme Le GAEC du Fort
- Philippe Wallois, secrétaire général du syndicat de la boucherie de la Manche
