France 3 Basse-Normandie diffusera samedi 19 octobre un documentaire exceptionnel consacré à l'écrivain Gilles Perrault, qui vit à Sainte-Marie-du-Mont, dans la Manche.
C’est l’histoire d’un homme né trop tard et qui s’est bien rattrapé. Trop jeune pour embrasser la résistance, Gilles Perrault s’est forgé la plus légère et la plus efficace des armes, sa plume.
Le documentaire signé Thierry Durand retrace dans toute son épaisseur l’activité ( d’aucuns diraient l’activisme ) de ce citoyen-militant.
C’est un peu par hasard que ce fils d’avocat parisien se pose en Normandie à l’aube des années soixante. Avocat lui-même et auteur de quelques romans d’aventure, il vient y écrire son premier livre d’envergure : "Les parachutistes". Il connait son sujet ; para volontaire, il a passé deux ans en Algérie. "L’erreur de ma vie", dit-il.
La suite sera comme une rédemption à engagements multiples. Dans son havre du Cotentin, à deux pas de la plage d’Utah Beach, il trouve un terrain propice et symbolique. La résistance au nazisme sera au cœur de ses deux ouvrages suivants : "Le secret du Jour-J" et "L’orchestre rouge".
Puis viendront, prêtant souvent à polémiques, ouvrant des débats de société et toujours couronnés de succès en librairie "Le pull-over rouge" et "Notre ami le roi".
Une enfance dans la France occupée
Ces vingt dernières années, Gilles Perrault s’est tourné vers l’histoire plus ancienne et penché sur la sienne avec plusieurs livres autobiographiques consacrés à son enfance dans la France occupée, la période qui a marqué sa vie. « Je ne peux pas voir ou entendre une Traction avant Citroën sans avoir un nœud à l’estomac » ; c’est avec cette voiture que la Gestapo vint arrêter son père, soupçonné de résistance.
Tel est l’homme engagé qui témoigne pendant près d’une heure dans ce documentaire. C’est un combattant qui apparaît ici, à la fois dans la solitude de son minuscule bureau de travail, là-haut dans sa maison de Sainte-Marie-du-Mont, et dans sa vie familiale et sociale de citoyen très entouré. Il croit profondément à l’action collective, la seule capable d’affronter l’injustice.
Mais c’est avec une modestie non feinte qu’en guise de bilan face à un monde indigne, Gilles Perrault se voit comme un simple transmetteur, un passeur. « J’ai fait ce que j’ai pu », conclut l’écrivain qui tient malgré tout l’écriture comme une arme.