A l'appel de la FDSEA, des producteurs de lait ont manifesté très tôt ce matin devant la Préfecture de la Manche pour protester contre les prix payés aux producteurs par les transformateurs.
Il était 5 heures du matin quand une centaine de producteurs de lait sont arrivés sous les fenêtres de la Préfète de la Manche (qui n'était pas là).
Les manifestants ont fait un grand feu, et ont adressé leurs doléances au directeur de cabinet de la Préfecture. Le prix du lait est en augmentation, mais les producteurs soupçonnent les transformateurs de s'entendre entre eux pour moins les rémunérer. Et ils mettent en cause en particulier l'entreprise Lactalis. Ils demandent l'intervention des pouvoirs publics dans la fixation des prix du lait.
Le reportage de Thierry Cléon et Joël Hamard (ITV : Sébastien Amand, Président FDSEA de la Manche et Pierre Marchand- Lacour, directeur de cabinet du Préfet de la Manche)
Défendre le "prix juste"
Les producteurs de lait se mobilisent pour défendre un "prix juste" et négocié avec les géants de la collecte et de la transformation alors que les cours flambent à l'export et battent des records.
En dépit de la médiation conduite au printemps sous les auspices du ministère de l'Agriculture et d'un niveau inédit depuis 2008, les producteurs de lait s'estiment lésés explique leur fédération dans un communiqué.
"Le prix payé aux éleveurs devrait atteindre au moins 345 euros/1000 litres sur l'année 2013, or il manque selon les entreprises de 5 à 10 euros/1000 litres pour atteindre le prix juste", explique la FNPL, Fédération nationale des producteurs de lait.
"Le prix juste se calcule, il ne se décrète pas", justifie son président Thierry Roquefeuil à l'AFP. Les contrats écrits entre producteurs et transformateurs permettent de réévaluer les prix en fonction de la situation, poursuit-il, or "quelques gros acteurs" dont les deux géants du secteur, Lactalis et Danone, "restent sous les 345 euros et les autres risquent de s'aligner sur eux".
Les "limites du supportable"
Pour M. Roquefeuil, le prix moyen de 341 euros/1.000 litres sur l'année, après un démarrage catastrophique (312 euros en mars) est un trompe-l'oeil qui cache une grande diversité : "Beaucoup de producteurs sont aujourd'hui à 335 euros/1.000l", affirme-t-il.
Cette attitude est jugée d'autant plus "irresponsable" que l'année 2013 est marquée par l'euphorie du marché mondial, portée par la demande sans cesse croissante des grands émergents, Chine, Inde et Russie en tête.
L'industrie laitière met souvent en avant les difficultés de la négociation avec les distributeurs, arguments dont la FNPL refuse de faire les frais: "Leurs difficultés avec la grande distribution ne peuvent pas se retourner contre nous", s'insurge M. Roquefeuil.
L'observatoire des prix et des marges, qui présentait mercredi son 3ème rapport, a souligné que les prix pratiqués par les distributeurs sur l'alimentaire atteignent les "limites du supportable" pour les producteurs par rapport aux coûts de production.
Dans les grandes filières d'élevage, "il n'y a plus rien à grappiller", a prévenu son président Philippe Chalmin.