Une association de malades et deux patients, dont une Granvillaise portent plainte contre le laboratoire. L'aluminium contenu dans le vaccin Revaxis serait responsable chez les plaignants d'une maladie neuromusculaire très invalidante.
Une plainte pour "mise en danger" et "escroquerie" a été déposée jeudi à Paris contre Sanofi Pasteur par une association de malades et deux patients, Karen Bouillot, Granvillaise, et Stanley Annan. Ils mettent en cause la nocivité d'un vaccin (contre la dyphtérie, la polio et le tétanos) fabriqué par le laboratoire, le Revaxis, qui contient de l'aluminium,
Selon l'association Entraide aux malades de la myofasciite à macrophages (E3M), qui signe la plainte, les adjuvants aluminiques dans les vaccins peuvent dans certains cas créer une pathologie neuromusculaire très invalidante, la myofasciite à macrophages (MFM) . Karen Bouillot, 46 ans, et Stanley Annan, 19 ans, souffrent de cette maladie et l'attribue à la prise de Revaxis. Défendus par l'avocat Jean-Paul Teissonnière, ils ont déposé plainte avec constitution de partie civile pour "atteinte à l'intégrité de la personne" et "mise en danger de la personne".
Une des équipes de la rédactions nationales de France 3 a pu rencontrer Karen Bouillot et Stanley Annan
Reportage de CLAUDINE GILBERT et GEORGES PINOT
Les plaignants accusent en outre Sanofi Pasteur d'avoir falsifié des données pour décrédibiliser son autre vaccin, le DTPolio, qui ne contient
pas d'aluminium. Ces deux vaccins coexistaient jusqu'à la suspension, en 2008 avec l'aval de l'autorité sanitaire, de la commercialisation du DTPolio au motif qu'une hausse d'effets secondaires avait été constatée, selon la plainte. Or les plaignants accusent Sanofi Pasteur d'avoir créé "de toutes pièces" cette hausse d'effets indésirables pour justifier l'arrêt du DTPolio.
Ils dénoncent un "choix cynique" fait pour des "considérations financières" en relevant qu'une dose de DTPolio coûtait 6,70 euros à l'assurance maladie, contre 10,23 euros pour le Revaxis. Leur plainte vise donc également les qualifications de "faux et usage de faux" et "escroquerie".
Sanofi Pasteur a démenti "catégoriquement les accusations d'escroquerie et de manipulation des données". "Considérant le caractère calomnieux de ces accusations et leur nature diffamatoire, Sanofi Pasteur MSD étudie les conditions dans lesquelles il va y répondre", précise le laboratoire
dans un communiqué. "Ces plaintes et leur médiatisation ne peuvent avoir que des effets délétères sur le taux de couverture vaccinale de la population française et sa protection contre des maladies infectieuses", déplore également Sanofi.
E3M milite pour la mise à disposition de vaccins sans aluminium, en application du principe de précaution, et pour que soit étudié l'effet de l'aluminium vaccinal.