Le réalisateur américain présentait ce mercredi en compétition son onzième long-métrage, "White bird", une adaptation d'un roman de Laura Kasischke. S'il reconnaît avoir livré un film plus "classique" dans sa forme, il estime avoir gardé le même état d'esprit.
Les adaptations de roman sont nombreuses cette année en compétition à Deauville. Après "Cold in July" de Jim Mickle, "Un homme très recherché" d'Anton Corbijn ou "Jamie Marks is dead" de Carter Smith, c'était au tour de Gregg Araki de présenter ce mercredi après-midi en compétition "White bird" tiré d'un livre de Laura Kasischke.
Lors de la présentation précédant la projection, le réalisateur américain a déclarait qu'il s'agissait d'un de ses films les plus personnels. Pourtant, de par son histoire et surtout par sa forme, il dénote dans la filmographie du metteur en scène. L'héroïne, Kate Connors, a 17 ans quand sa mère disparaît du jour au lendemain. Au départ peu affectée, le jeune femme un jour tenter de dénouer ce mystère.
Ce sont ses producteurs qui ont fait découvrir à Gregg Araki le roman de Laura Kasischke. "Dés que je l'ai lu, ça a résonné très fort en moi". Le metteur en scène est conquis à l'exception d'une chose, pourtant capitale: "La fin du livre ne m'apparaissait pas assez cinégénique, or la fin d'un film est primordiale, c'est ce que va retenir le public, ce qui devient l'objet de son rapport au film", explique le metteur en scène. L'auteur l'a découvert lors de la première du film. "Elle a adoré. Elle s'est très bien remise de cette trahison".
"Je préfère la France !"
Gregg Araki précise toutefois que "le regard de l'auteur m'importait". Le sexe a toujours fait partie intégrante des films du réalisateur américain. Mais il est présenté de façon moins explicite dans White bird. "Le livre était sexuel, et c'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles il m'a plu, mais il s'agissait d'une autre approche de la sexualité. Je me suis coulé dans l'univers de l'auteur, j'ai adopté SON regard." La question amuse d'ailleurs de metteur en scène: "Je trouve passionnant la différence d'appréhension de ce sujet entre la France et les Etats-Unis. En Amérique, certaines scènes sont jugées extrêmement choquantes. Je préfère la France ! ", dit-il dans un éclat de rire.
Formellement, Gregg Araki a remisé certains artifices visuels au placard pour adopter une mise en scène plus classique. "La maturité et le sérieux de l'histoire se prêtait à une approche plus classique, j'ai cherché à faire un film de "grand". Mais je ne crois pas, pour autant, être devenu un adulte. Mon prochain film pourrait très bien être pop !" Le réalisateur, qui a rappelé qu'il allait fêter ses 55 ans cette année, estime qu'il "continue à avoir un regard non-conventionnel. On peut conserver un grain de folie quand on vieillit".
La bande-originale: "une version sonore du film"
Le film permet également au réalisateur de renouer en quelque sorte avec sa jeunesse. Le contexte historique du roman a été conservé dans son adaptation. "Ça faisait des années que je voulais faire un film qui se passe dans les années 80, c'est aussi un des aspects qui m'a séduit".
Dans ce travail de reconstitution, la bande-originale a fait l'objet d'un soin particulier. "C'est ma musique. Tout comme l'héroïne, moi aussi je suis arrivé à l'âge adulte à cette période là", et de citer des groupes comme Cure ou New Order qui l'ont accompagné. "Je suis tellement imprégné de musique que, pour moi, la bande-originale est une version sonore du film. Si vous fermez les yeux, vous ressentez toutes les émotions du film".