"Get on up" de Tate Taylor retrace la vie de James Brown. Le film est présenté en avant-première ce vendredi soir au festival du cinéma américain. Le chanteur des Rolling Stones, co-producteur du film, a fait le déplacement
"Est ce que vous pouvez poser une question à d'autres membres de l'équipe ?" Mick Jagger est à Deauville et tous les micros et les caméras sont braqués sur lui. Il n'y en a d'ailleurs jamais eu autant depuis le début du festival. La venue du chanteur des Rolling Stones est un événement. Le dispositif de sécurité a été considérablement renforcé (les CRS ont même été appelés en renfort) autour du CID de Deauville au point parfois de créer une belle pagaille en termes d'organisation. Mais ce n'est pas la légende du rock qui est venue au festival du cinéma américain mais le co-producteur (avec Brian Grazer) de "Get on up", un film réalisé par Tate Taylor est consacré à une autre légende de la musique, le godfather of soul, James Brown.
Ce projet, le producteur Brian Grazer le porte depuis de nombreuses années. Quand James Brown meurt, celà fait dix ans qu'il y travaille. Avec le décés du chanteur, il perd les droits cinématographiques. C'est l'arrivée de Mick Jagger qui permettra de débloquer ce biopic. "Je me suis particulièrement impliqué dans l'histoire. Nous avions dés le départ un très bon script mais nous avons procédé à quelques modifications. On a un peu discuté avec Chadwick Boseman (interprète de James Brown et Tate Taylor (le réalisateur) avant le tournage, notamment sur ce que l'on ressent quand on est sur scène", explique le chanteur des Stones. Soucieux de ne pas tirer toute la couverture à lui alors qu'il est bombardé de questions, il rappelle que c'est le reste de l'équipe qui a le plus travaillé sur le film.
Un James Brown Tour
"Get on up" se veut, selon ses producteurs, un hommage au godfather of soul. Tate Taylor est plus précis quant à l'intention du film quand il raconte sa préparation. "Avec Chadwick Boseman, nous sommes allées en Gerogie, à Augiusta pour faire ce qu'on a appelé un James Brown Tour. On est allé sur ses pas retrouver des membres de sa famille, on a rencontré son ex-femme, deux de ses files, ses musiciens. Ça nous paraissait très importants d'arriver à cerner le personnage au-delà de l'image qu'il avait. Pour nous, cette image s'était construite essentiellement sur ses faux pas et c'était un peu l'arbre qui cache la forêt. L'essentiel de cet homme-là était dans des choses finalement peu connues. C'est cette histoire que nous souhaitions raconter"
Dans sa forme, le film est de facture plutôt classique. Quelques idées de mise en scène lui permettent de se distinguer des autres biopics, à commencer par un montage non linéaire. "Notre approche consistait à faire le lien entre le petit garçon et l'homme qu'il est devenu, ce petit garçon portait en lui l'homme qu'il allait devenir et l'homme porte en lui le petit garçon qu'il a été, d'où le va-et-vient entre l'enfance et l'âge adulte au niveau du récit", explique Tate Taylor.
Briser le quatrième mur
L'autre originalité consiste à briser par moment le "quatrième mur": James Brown, face caméra, s'adresse directement au public. "Dans le biopics, on use de certains artifices pour attester de la véracité des faits relatés: cela peut être une coupure de presse ou un reportage télévisé. Un jour, je me suis rendu compte que la personne la plus légitime pour attester que ce que l'on racontait était conforme à ce qu'il avait vécu c'était James Brown lui-même. L'idée était très risquée. Jusqu'à ce qu'on trouve Chadwick".
Chadwick Boserman est l'autre grande force du film. Le comédien est complètement habité par son rôle, qu'il s'agisse des scènes de vie ou des scènes de concert où le mimétisme en termes de jeu de scène (James Brown était un sacré bon danseur) est bluffant. La préparation a été plutôt intense. "En fait, j'ai accepté le rôle à la fin du mois d'août pour un tournage en novembre. Je n'ai eu que deux mois de préparation. Et quand j'avais une pause durant le tournage, je continuais à m'entraîner au chant et à la danse, jusqu'à 8 heures par jour".
"Je ne veux jamais voir un film sur les Stones"
James Brown était aussi un monstre de travail. C'est la première chose qui a marqué Mick Jagger quand il l'a rencontré. "A l'époque, il enchaînait 5 shows par jour, ça m'a impressionné, tout comme sa façon de contrôler le public, il savait quoi faire à quel moment pour le faire réagir" Le jeune chanteur de rock a-t-il à l'époque piqué quelques trucs à Mr Dynamite ? "J'ai volé tout ce que j'ai pu !", lance Mick Jagger dans un grand éclat de rire. Quant à la possibilité de voir un jour un film sur les Rolling Stones, il semblerait que cela prenne encore un peu de temps. "Je suis tellement fermé à cette idée !", réagit au quart de tour l'intéressé, "je ne veux jamais voir un film sur les Stones. Il y a plusieurs scripts mais ils sont tous horribles !"