Trois cadres de l'UMP, Eric Cesari, proche de Nicolas Sarkozy, l'ex-directrice des affaires financières du parti, Fabienne Liadze, et son ancien directeur de la communication, Pierre Chassat, sont suspectés de faux et usage de faux et d'abus de confiance, dans le cadre de l'affaire Bygmalion.
Celui que l'on surnomme "l'oeil de Sarkozy" à l'UMP a eu de nombreux liens politiques avec la Haute-Normandie. Eric Cesari a été élu depuis 1998 avec divers mandats : conseiller régional de Haute-Normandie, adjoint au maire de Rouen, vice-président de la Communauté d'agglomération rouennaise. A partir de 2008, il se rapproche de Paris, avec un poste de conseiller municipal de Courbevoie (puis adjoint en 2014) avant de devenir, en avril, président de la Communauté d'agglomération Seine-Défense qui regroupe Puteaux et Courbevoie.
Ses adversaires comme ses amis sont d'accord sur le rôle joué jusqu'en juin dernier par l'ancien directeur général du parti Eric Cesari, 54 ans. Avec deux autres cadres de l'UMP (Fabienne Liadze, l'ex-directrice des affaires financières du parti, Pierre Chassat, son ancien directeur de la communication), il a été mis en examen ce samedi «pour faux et usage de faux et pour abus de confiance», dans l'affaire Bygmalion sur le financement de la campagne présidentielle de 2012 de l'ancien chef de l'Etat. Depuis jeudi matin, ils étaient en garde à vue. Tous trois sont également placés sous contrôle judiciaire avec l'interdiction d'entrer en contact avec d'autres protagonistes du dossier.
"Cesari, c'est le Corse formé à l'école Pasqua et totalement dévoué à Nicolas Sarkozy depuis qu'il s'est emparé de l'UMP en 2004. Il ne le lâchera jamais, il ne se mettra jamais à table", confie un ancien ministre qui connaît parfaitement les arcanes de l'UMP. Ce quinquagénaire discret et inconnu du grand public a eu la haute main sur l'appareil UMP pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy. "Sarkozy l'avait laissé à l'UMP pour qu'il surveille la maison. Il venait au rapport tous les deux jours dans le bureau de Claude Guéant à l'Elysée", se souvient un ancien habitué des lieux.
Après la défaite de 2012, la mission de ce membre fondateur de l'association des "Amis de Nicolas Sarkozy" est dès lors d'empêcher que l'UMP ne tombe entre des mains "hostiles". En novembre-décembre 2012, dans la bataille fratricide qui oppose Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence de l'UMP, il soutient donc discrètement mais efficacement le premier, lui conseillant, au plus fort de la crise, de ne pas céder un pouce de terrain. Pas pour les beaux yeux du député-maire de Meaux -même s'il est devenu au fil des mois "Copé-compatible"- mais parce qu'il faut éviter de laisser le parti à celui qui est devenu "l'ennemi" : François Fillon.
"La situation est un peu tendue mais ça va s'arranger", répétait-il inlassablement, voix très calme et accent du sud prononcé, alors que l'UMP était au bord de l'implosion... "C'est un homme très discret, fuyant la lumière et qui n'a pas d'égo personnel à satisfaire. A sa façon, il est efficace", commente un responsable UMP. "C'est un bon professionnel, très présent, qui gérait les équipes. Avec lui, la machine tournait bien", note l'ex-députée copéiste Valérie Debord.
Méthode à la Pasqua
Une élue francilienne le juge "marrant", sachant manier "l'humour, surtout l'humour noir". "Mais c'est aussi un mec qui n'a peur de rien, un rusé qui sent les coups politiques. Et puis il a été élevé par Charles Pasqua, avec les mêmes méthodes peu reluisantes". De fait, Eric Cesari, issu du RPR et du réseau des Hauts-de-Seine, a travaillé auprès de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur puis au Conseil général du 92 de 1995 à 2003. Avant de se placer dans la roue de Nicolas Sarkozy, dont il est le directeur de cabinet entre 2006 et 2007 au même Conseil général des Hauts-de-Seine.
Quand Nicolas Sarkozy s'installe à l'Elysée, il occupe un poste stratégique à l'UMP, qu'il tiendra jusqu'en juin 2014, emporté par la tempête Bygmalion, et voit passer trois "patrons": Patrick Devedjian, Xavier Bertrand puis Jean-François Copé. "Connaissant Copé, qui flingue tout ce qui n'est pas avec lui, pour qu'il ait gardé Cesari, c'est que vraiment c'était le deal avec Sarkozy quand il lui a confié les clés de l'UMP", explique un filloniste.
"Cesari a signé tous les bons d'engagement de dépenses de l'UMP avant et pendant la campagne" du président-candidat Sarkozy en 2012. "Est-ce qu'il a signé, comme il le dit, au kilomètre, une tonne de parapheurs, sans connaître le dessous des cartes ? C'est possible", admet la même source.