Valérie Levillain, 46 ans, ex-compagne du beau-fils de la victime, comparaît libre ce vendredi 10 octobre devant la Cour d'assises du Calvados pour le meurtre de Gisèle Loquet, en 1998. C'est le deuxième procès dans cette affaire.
C'est un procès atypique qui se déroule ce vendredi (et jusqu'à lundi) devant les assises du Calvados à Caen.
D'abord parce qu'un premier procès a déjà eu lieu en 2000. Lors de ce procès, l'une des belle-filles de la victime, Ghislaine Loquet, avait été condamnée à 7 ans de réclusion criminelle pour «violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner» . Elle a déjà purgé sa peine.
Ensuite parce que c'est une nouvelle accusée qui comparaît cette fois-ci. Valérie Levillain n'était pas sur le banc des accusés en 2000. Elle a fait l'objet en 2005 d'une dénonciation : quelqu'un a indiqué qu'elle était aussi sur les lieux la nuit du drame.
Enfin parce que l'accusée comparaît libre (elle fait l'objet d'un contrôle judiciaire), et qu'il n'y a plus de partie civile (la victime n'ayant plus de famille).
La vérité sortira-t-elle de ce nouveau procès, 16 ans après les faits ?
La victime, Gisèle Loquet, 67 ans, a été retrouvée carbonisée le 18 novembre 1998 dans sa ferme à colombages d'Equeumauville, près de Deauville, dans le Calvados. Les enquêteurs n'ont retrouvé que les cendres de la victime, près de sa cheminée. Il ne restait du corps qu'un pied chaussé d'une mule, et un crâne. Une sorte de "combustion spontanée" qui n'a fait que renforcer le côté mystérieux de cette affaire.Trois semaines plus tôt, le mari de Gisèle (le père de Ghislaine) était décédé d'un cancer.
Gisèle Loquet, ex-restauratrice, était en conflit avec ses beaux-enfants. Les relations avec sa belle-fille Ghislaine avaient toujours été difficiles. Au procès de Ghislaine, en l'an 2000, de nombreux témoins avaient évoqué des « brimades infligées par une belle-mère alcoolique ».
Ghislaine a reconnu être venue trouver sa belle-mère le soir pour lui réclamer les bijoux de sa mère. Face à son refus, une violente dispute avait éclatée et elle l'avait frappée à plusieurs reprises avec une bûche.
La jeune femme avait fait des aveux à un inspecteur de la PJ de Caen. Dans des circonstances particulières puisqu'elle lui avait donné rendez-vous dans le petit cimetière de campagne où reposent son père et sa belle-mère. Elle lui avait confié en larmes que son père, qui lui serait apparu en rêve, lui avait conseillé de raconter comment elle avait frappé sa belle-mère.
Mais elle niera toujours l'avoir tuée : «J'y suis pour quelque chose dans la mort de Gisèle, je l'ai frappée avec une bûche, mais je l'ai pas tuée et j'ai pas mis le feu. Quand je l'ai quittée, elle était consciente, assise dans son fauteuil tout près de la cheminée où il y avait une belle flambée», a toujours soutenu Ghislaine, qui a été condamnée en 2000 à 7 ans de prison pour «violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner».
Le rappel des faits avec Franck Bodereau
L'ex-compagne du beau-fils de Gisèle Loquet à son tour dans le box des accusés
Un coup de théâtre intervient 5 ans après le procès de Ghislaine Loquet : la compagne du beau-fils de la victime, Valérie Levillain fait l'objet d'une dénonciation. Quelqu'un, qui sera entendu par visio-conférence pendant ce nouveau procès, affirme qu'elle était elle aussi présente dans la maison de Gisèle le soir de sa mort. De son côté, Gislaine Loquet a affirmé que Valérie Levillain avait étranglé la victime avant de la recouvrir d'un drap près de la cheminée. Des accusations qu'elle réitère ce vendredi face à la Cour. Elle explique que Valérie a étranglé Gisèle et qu'un bout du drap qui la recouvrait a été placé dans le foyer de la cheminée. Elle raconte aussi que les deux femmes avaient passé une sorte de pacte pour ne pas se dénoncer mutuellement.Valérie Levillain encourt aujourd'hui 30 ans de réclusion criminelle.
Valérie Levillain, mère de cinq enfants, reconnaît sa présence dans la maison de la victime le soir du meurtre, mais nie toute violence sur la victime. Son avocate va plaider l'acquittement : "Ghislaine Loquet a donné de multiples versions de la scène, ses dernières affirmations n'ont surgi qu'au moment de la reconstitution alors qu'il y a avait déjà eu de nombreuses confrontations avec ma cliente", explique Me Frederike Dury-Gherrak. Le procès doit se terminer lundi 13 octobre.
Le reportage de Franck Bodereau et Carole Lefrançois