Une trentaine de sites nucléaires, dont la centrale de Flamanville et l'usine Areva de la Hague dans le Cotentin, auraient été survolés par des drones. En France la réglementation est stricte. Les pilotes de drones confirment le danger potentiel mais s'interrogent, en l'absence de preuves.
"Celui qui veut nuire, il a effectivement à disposition un appareil qui pourrait emmener une charge explosive" reconnaît Jérôme Houyvet, pilote de drone professionnel. Depuis quelques semaines, une trentaine de survols de sites nucléaires par ces petits appareils volants ont été recensés. Ces survols ont suscité de nombreuses inquiétudes parmi les riverains, les associations anti-nucléaires ou les élus locaux.
Les drones, au départ conçus pour un usage militaire, tendent à se développer auprès du grand public pour un usage de loisir. Le français Parrot a ainsi vendu plus de 500.000 exemplaires de son AR Drone à usage récréatif entre 2010 et 2013, et annoncé la commercialisation l'été dernier de deux mini-drones qui se commandent également depuis un smartphone ou une tablette. Pour les spécialistes, ce type d'appareil ne peut être impliqué dans les récents survols des sites nucléaires. "Si ces survols sont une réalité, il ne s'agit pas de jouet mais d'appareils qui peuvent valoir 10 000 euros", explique Sylvain Corbin, de Manche Drones Production.
Un chiffre d'affaire multiplié par 3 en 2015
Les drones à usage civil (inspection d'infrastructures, agriculture de précision, thermographie, lutte contre le feu...) sont également en plein essor. Selon une étude du cabinet Xerfi, le chiffre d'affaire des fabricants français devrait tripler d'ici 2015 "pour atteindre 288 millions d'euros en 2015", soit une augmentation de 70% par an depuis 2012.
Selon les chiffres de la Fédération Professionnelle du Drone Civil (FPDC), plus de 650 opérateurs de drones se sont déclarés auprès de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et 42 constructeurs de drones opèrent en France. Ce secteur d'activité bénéficie d'un cadre réglementaire stricte depuis avril 2012, une réglementation qui va va être encore affinée d'ici au premier trimestre 2015. Les "dronistes" professionnels doivent valider une habilitation et obtenir l'autorisation officielle de voler. Avec ces survols de sites nucléaires, la profession craint pour son image.
"un quart d'heure en l'air, c'est quasiment le maximum"
Et elle s'interroge également sur la véracité de ces survols."Une heure de vol au-dessus d'une centrale, on se demande de quelle batterie disposait l'appareil en question", déclare Sylvain Corbin avant de montrer un de ses appareils à usage professionnel utilisé dans la production audiovisuelle , "un drone comme celui-là, quand il est un quart d'heure en l'air, c'est quasiment le maximum". Chez les dronistes, le scepticisme l'emporte: "Le temps s'allonge, il y a de plus en plus de vols de décrits et il n'y a toujours pas de preuve, donc on finit par ne plus y croire".
Reportage de Stéphanie Potay et Sylvain Rouil
Intervenants:
- Jérome Houyvet, Lumières marines Prod
- Sylvain Corbin, Manche Drones Production