Ce soir tous les enfants sont revenus de l'école soulagés par le temps de paroles, d'échanges et d'explications en classe, à propos des événements tragiques qui secouent la France depuis hier. Pas toujours facile de trouver les mots pour les enfants, les enseignants ont relevé le défi.
Après la tuerie de Charlie-Hebdo, les parents sont démunis: comment expliquer l'innommable aux enfants?
"J'ai pensé qu'au milieu de la foule rassemblée, ma fille verrait qu'on est plus
nombreux à condamner qu'à approuver ce qui s'était passé", raconte Guillemette,
confrontée aux questions anxieuses de sa fille de 5 ans.
Chacun tâtonne, mais impossible d'échapper aux images qui tournent en boucle sur les chaines info et se décalquent à la une des journaux, ou aux commentaires qui rebondissent de smartphones en passants.
"Il faut expliquer ce qui s'est passé, on leur dit qu'il y a des méchants qui
ont fait du mal et que la police va les arrêter", indique Hervé Roch, père de deux enfants de neuf et quatre ans.
Mais tous les adultes ne sont pas demandeurs de cette explication de texte, tentés
parfois par le silence: "Je pensais épargner cette histoire à mes enfants. La minute
de silence à l'école m'emmerde", rage sur le réseau Twitter une mère blogueuse qui ajoute "Est-on obligé de tout dire?"
Mauvaise piste, juge François Dufour, rédacteur en chef du groupe de presse Playbac qui publie Le petit quotidien (pour les 6-9 ans), Mon Quotidien (10-14 ans) et L'Actu (14-18 ans), et a aussitôt sorti des numéros spéciaux (en accès libre jeudi
sur internet).
"Parents et enseignants doivent être bien conscients que les enfants ne peuvent
pas passer à côté de l'information, que ce soit à la radio dans la voiture, ou
lors du dîner devant le 20 heures. Inutile de se dire qu'on va les protéger et
tenter de peindre la réalité en rose", prévient-il. "Ils doivent aussi comprendre qu'il est normal que leurs enfants soient choqués, puisque la réalité est choquante".
Son conseil numéro 1, "faire parler les enfants: il faut prendre le temps de les
laisser poser leurs questions", insiste-t-il en bouclant un nouveau numéro spécial de ses publications en forme de Questions/Réponses.
"Ensuite, il faut se mettre dans la peau de l'enfant et veiller à des réponses compréhensibles à 6 ou 8 ans. Si un mot bloque, s'arrêter pour le regarder ensemble dans le dictionnaire. Ne pas évoquer les +terroristes+ sans expliquer le sens du
mot - sans parler des islamistes radicaux", poursuit-il.
L'étape supérieure, c'est pour lui l'occasion d'expliquer la différence entre les faits et les opinions: "Les enfants confondent souvent les deux. Et évidemment, le fait numéro 1 est qu'on a le droit d'avoir des opinions en France." C'était
d'ailleurs l'angle choisi jeudi par Le Petit Quotidien: "Quand la liberté de lapresse n'est pas respectée".
Le reportade Gwenaelle Louis et Franck Bodreau dans une classe de Caen :
Le blog France tv education: comment parler d'une actualité violente aux enfants
http://education.francetv.fr/article/charlie-hebdo-comment-parler-d-une-actualite-violente-a-un-enfant-
Le groupe playbacpresse, éditeur de "l'actu" et "Le petit quotidien", deux publications destinées aux plus jeunes, les proposent gratuitement aujourd'hui deux numéros spéciaux consacrés à l'attentat perpétré à Charlie Hebdo:
http://www.playbacpresse.fr/documents/charlie/lpq_charlie.pdf
http://www.playbacpresse.fr/documents/charlie/actu_charlie.pdf