3 388 personnes sont mortes sur les routes de France en 2014. Soit 120 de plus par rapport à l'année précédente. Piétons et cyclistes sont les premières victimes. Les automobilistes doivent apprendre à adapter leur vitesse, en grande agglomération comme dans les villages. Nous roulons trop vite.
Le gouvernement a présenté un "plan de lutte" contre l'insécurité routière. Baisse de l'alcoolémie légale pour les conducteurs novices, modernisation des radars, renforcement des contrôles sont en au programme. Cette hausse en 2014 est la première depuis douze ans.
Le nombre de morts sur les routes françaises a augmenté de 3,7% en 2014, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il y a eu 3.388 personnes tuées sur les routes l'an dernier, soit 120 de plus qu'en 2013, qui avait marqué un record à la baisse depuis 1948, année des premières statistiques.
Ces chiffres ne sont "pas satisfaisants" et ils ne sont "pas à la hauteur des objectifs que nous nous étions fixés" même si "2014 n'est pas aussi sombre qu'on pourrait le croire puisque c'est la deuxième moins mauvaise année" depuis que les statistiques existent, a estimé M. Cazeneuve.
Les autorités "maintiennent" ainsi l'objectif fixé l'an dernier de faire baisser à 2.000 le nombre de morts sur les routes d'ici 2020. Pour cela, le ministre de l'Intérieur a annoncé 26 mesures dont la mise en place sera "immédiate" ou dans un délais "court".
Alcoolémie légale de 0,5 g/l de sang à 0,2
Le taux d'alcoolémie légal sera abaissé à titre expérimental de 0,5 à 0,2 gramme par litre de sang pour les conducteurs novices (trois ans après le permis ou deux ans s'il y a eu conduite accompagnée).
Les oreillettes, casques et écouteurs seront interdits au volant pour améliorer "l'attention des conducteurs". Et pour "améliorer la visibilité entre piétons et conducteurs" et faire baisser les accidents mortels en ville, le plan prévoit aussi l'interdiction de se garer à moins de cinq mètres "avant les passages piétons".
Augmentation des radars feux rouges
D'autres mesures concernent l'augmentation du nombre des radars feux rouges, la modernisation du parc des 4.200 radars ou le renforcement des contrôles des exploitants de débits de boisson.
Une baisse de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires bidirectionnelles "particulièrement accidentogènes" sera aussi expérimentée tout comme, dans onze départements, les tests salivaires en matière de dépistages de stupéfiants.
"Nous sommes rassurés par cette nouvelle dynamique mais il n'y a pas de mesure forte qui va permettre de changer très fortement la mortalité sur les routes", a réagi Philippe Lauwick, président de la commission "alcool, vitesse et stupéfiants" du Conseil national de la sécurité routière (CNSR).
A quelques rares exceptions, comme l'année 2001, le nombre de morts sur les routes est en baisse constante depuis 1973. Cette année-là, les autorités avaient recensé plus de 18.000 morts en France. La mortalité a ainsi été divisée par cinq en un peu plus de quarante ans en France.
Exemple d'insécurité routière sur le quai Caligny de Cherbourg de plus en plus accidentogène dans ce reportage de Catherine Berra et Claude Leloche :
35 000 véhicules empruntent chaque jour cette artère qui conduit au centre-ville. Excès de vitesse et non respect du code de la route y sont monnaie courante. au risque de la sécurité des piétons et des riverains…
Les 26 mesures pour renforcer la sécurité routière
Sensibiliser, prévenir, formerMesure N°1
Modernisation accrue de l’enseignement de la conduite, en lien avec les formateurs agréés. La réforme du permis de conduire ouvre la conduite accompagnée dès 15 ans avec possibilité de passer l’examen de conduite à 17 ans et demi : des jeunes conducteurs mieux formés, c’est une accidentalité réduite.
Mesure N°2
Généralisation d’un module de sensibilisation à la sécurité routière en classe de seconde dès la rentrée 2015, ainsi que lors des journées de défense et de citoyenneté suivies par les jeunes à partir de leur 18ème année. Alors que la formation à la sécurité routière s’interrompt aujourd’hui en classe de 3ème, il s’agira de mieux préparer les jeunes à devenir des usagers responsables jusqu’à l’âge du permis de conduire.
Mesure N°3
Développement des opérations de sensibilisation aux risques liés aux pratiques addictives et à l’utilisation du téléphone portable au volant. Sensibilisation de l’opinion à la question des blessés de la route – une campagne nationale d’information sera lancée dès le mois de février.
Mesure N°4
Création d’un site internet du Conseil national de la sécurité routière (CNSR). Il permettra de mieux sensibiliser le public aux enjeux de la sécurité routière.
Mesure N°5
Mise en place sur le site de la Sécurité routière (DSCR) d’une rubrique « à l’épreuve des faits », délivrant à nos concitoyens une information de qualité et réactive face aux idées reçues et fausses affirmations sur la sécurité routière (technique du fact-checking).
Mesure N°6
Abaissement du taux légal d’alcoolémie de 0,5 g/l à 0,2 g/l pour les conducteurs novices (3 ans après le permis, ramenés à 2 ans après le permis s’il a été précédé d’un apprentissage par conduite accompagnée). Les accidents de la route sont la première cause de mortalité des 18-25 ans.
Mesure N°7
Renforcement des contrôles des exploitants de débits de boissons autorisés à fermer entre 2h00 et 7h00 qui ont obligation de mise à disposition de dispositifs d’autocontrôle. Sanctionner administrativement en cas de non-respect, jusqu’au retrait des autorisations d’ouverture tardive, voire de vente de boissons alcoolisées.
Mesure N°8
Formation de tous les médecins agréés au dépistage précoce des problèmes d’alcool et de stupéfiants. Les médecins agréés pour l’évaluation de l’aptitude médicale à la conduite réalisent 1 million de consultations par an. Environ 400 000 consultations sont réalisées en commissions médicales en préfecture pour toutes les infractions liées à l’alcool et aux stupéfiants. Les 600 000 autres sont réalisées en cabinet de ville pour les conducteurs professionnels, les usagers porteurs de problèmes médicaux et les infractionnistes, hors alcool et stupéfiants.
Protéger les plus vulnérables
Mesure N°9
Interdire le stationnement des véhicules (à l’exception des deux-roues) 5 mètres avant les passages piétons pour améliorer la visibilité entre piétons et conducteurs.
Mesure N°10
Permettre aux maires d’abaisser la vitesse sur de grandes parties, voire sur la totalité de l’agglomération (et non plus uniquement dans quelques rues), pour réduire le nombre et la gravité des collisions.
Mesure N°11
En lien avec la Chancellerie, renforcer les sanctions pour les conducteurs qui, stationnant sur les passages piétons, sur les trottoirs ou sur les pistes cyclables, mettent en danger les piétons en les obligeant à les contourner.
Mesure N°12
Relancer le déploiement de radars feux rouges et leur associer systématiquement un module de contrôle de la vitesse, notamment en agglomération.
Mesure N°13
Uniformiser la taille et le format des plaques d’immatriculation des deux-roues motorisés, afin de faciliter les contrôles.
Mesure N°14
Rendre obligatoire pour les usagers de deux-roues motorisés le port du gilet de sécurité en cas d’arrêt d’urgence, comme c’est déjà le cas pour les automobilistes.
Mesure N°15
Généraliser à terme l’utilisation de supports de panneaux de signalisation « fusibles », qui ne nécessitent pas de glissière de sécurité, et diminuent les risques pour les deux-roues motorisés.
Lutter sans relâche contre les infractions graves
Mesure N°16
Poursuivre la modernisation du parc des 4 200 radars afin de mieux lutter encore contre la vitesse excessive ou inadaptée sur les routes (radars chantiers pour la sécurité des personnels, radars mobile de nouvelle génération).
Mesure N°17
Lutter contre les contournements de la loi en matière de contrôle automatisé, notamment : en déployant des radars double-face qui permettront aux enquêteurs de mieux identifier les auteurs des infractions ; en rappelant sur les avis de contraventions que les personnes morales ne peuvent se substituer aux personnes physiques pour l’acquittement des amendes qui, comme les éventuels retraits de points de permis, s’appliquent au conducteur en infraction.
Mesure N°18
Exiger, lors de la demande de certification d’immatriculation d’un véhicule, la désignation d’une personne titulaire du permis de conduire correspondant au type de véhicule à immatriculer. Cette personne sera responsable en cas d’infraction constatée, à défaut d’identification du conducteur en infraction.
Mesure N°19
Agir contre le défaut d’assurance en se donnant les moyens techniques de vérifier l’adéquation entre les véhicules assurés et les véhicules immatriculés.
Mesure N°20
Observer, sur certains tronçons de route à double sens identifiés comme particulièrement accidentogènes, l’impact d’une diminution de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h.
Mesure N°21
Expérimenter dans 11 départements, en lien avec la Mildeca, la technique du double prélèvement salivaire en matière de dépistage des stupéfiants, en vue de la généraliser et d’augmenter ainsi le nombre de contrôles.
Mesure N°22
Interdire de porter tout système de type écouteurs, oreillette, casque, ... susceptible de limiter tant l’attention que l’audition des conducteurs.
Mesure N°23
Préciser la réglementation du surteintage des vitres à l’avant des véhicules pour garantir le bon contrôle de certains comportements dangereux (utilisation du téléphone au volant, non port de la ceinture de sécurité ...)
Améliorer la sécurité des véhicules et des infrastructures
Mesure N°24
Réduire les risques de contresens sur autoroute en alertant les conducteurs désorientés par l’installation de panneaux « sens interdit » sur fond rétro-réfléchissant sur les bretelles de sortie.
Mesure N°25
Soutenir les démarches européennes sur l’installation d’enregistreurs de données de la route (EDR) dans les véhicules pour mieux connaître les mécanismes d’accident.
Mesure N°26
Fournir aux collectivités locales des outils pour les soutenir dans leurs démarches d’amélioration de la sécurité routière : guides techniques pour les encourager à réaliser, comme le fait aujourd’hui l’Etat sur son réseau, des audits de sécurité ; partage de bonnes pratiques.