En expérimentation depuis 2016 en France, prolongée en 2021 jusqu'en 2024, la circulation interfile des deux roues est en suspens à partir du 1er janvier 2025. Une mesure incomprise par des associations de motards, qui espèrent une instauration définitive prochainement.
Vous ne devriez plus les voir dans vos rétroviseurs si vous êtes automobiliste. Et si vous êtes motards, vous n'aurez plus le droit de vous insérer entre les files de voitures sur des routes à deux voies, en cas de ralentissement ou de bouchons, à partir du 1ᵉʳ janvier 2025.
Bannie par le code de la route, l'interfile était autorisée à titre expérimental depuis 2021, dans 21 départements en France, selon service-public.fr. Et son utilisation était très précise et encadrée.
Elle n'était possible qu'en cas de ralentissement et de bouchon, sur des voies rapides, donc des autoroutes ou des chaussées à deux voies, séparées par un terre-plein central, où la vitesse était d'au moins 70 km/h. Mais la vitesse des deux roues, elle, devait être de maximum 50km/h, avec un différentiel maximal de 30 km/h par rapport aux autres véhicules.
C'est un moyen de réduire les embouteillages. Mais, pour que cela fonctionne, il faut que ça soit encadré par un certain nombre de règles de bon-sens.
Eric Thiollier, animateur de réseau Fédération française des motards en colère.
Officiellement plus permise à partir du 1er janvier
L'interfile, bien que souvent pratiquée, même avant cette expérimentation, ne sera donc plus autorisée au 1ᵉʳ janvier. Après cette date, cette pratique sera passible d'un retrait de trois points sur le permis de conduire et d'une amende forfaitaire de 135€.
"Je regrette cette décision. Cela va mettre les motards en danger. Une moto entre deux voitures ou deux camions, en cas de carambolage, le motard se fait écraser", estime Olivier Lecomte, coordinateur de la fédération des motards en colère d'Indre-et-Loire.
Ce n'est donc pas une certaine restriction de liberté des motards sur la route qui est mise en cause, mais plutôt la peur du danger venant des autres usagers partageant les routes. "Quand on remonte tranquillement, que l'on se fait remarquer par les voitures devant nous, cela passe bien. Les gens se serrent même un petit peu pour nous laisser de la place", poursuit-il.
Une zone grise due à l'instabilité politique
Malgré cette interdiction en début d'année prochaine, le combat n'est pas terminé, et l'instance poursuit son travail. "L'interfile ne provoque pas plus d'accidents. Cela permet même de faire progresser les comportements", estime Eric Thiollier.
Pour le coordinateur d'Indre-et-Loire, cette mesure passe à la trappe au vu du contexte politique instable en France. "Ce n'est pas à l'ordre du jour. On ne peut rien faire en ce moment, c'est compliqué de mettre des choses en place. Les dossiers n'avancent pas, mais on fera tout pour que ce soit autorisé dans de bonnes conditions."
Vous êtes nombreux à nous parler de l'article de @telematin sur l'arrêt de la CIF (Circulation Inter-files)
— FFMC Nationale (@ffmcnat) December 18, 2024
Rassurez-vous ça n'est absolument pas aussi horrible bien au contraire, allez lire nos articles sur le sujet ! (En commentaire de ce post) ⬇️ pic.twitter.com/JebjWLWldA
La fédération souhaiterait même que cette pratique de l'interfile puisse être inscrite dans le code de la route pour gagner en clarté pour tous les utilisateurs de la route, des novices aux plus expérimentés.
En 2021, un premier bilan avait été réalisé où l'accidentalité avait augmenté de 12% sur "les réseaux routièrs ou s'applique la CIF expérimentale et de la zone témoin, en se stabilisant au cours de l’expérimentation". Le rapport précise également que l’expérimentation a globalement eu des effets positifs concernant les comportements des usagers.