Automobile. "Des équipes sous le choc" : la F1 c'est fini à l’usine Mécachrome d’Aubigny-sur-Nère

L'association Renault - Alpine vient de prendre fin a annoncé l'écurie française. La quarantaine de salariés impactée travaillant pour le sous-traitant Mécachrome devrait être reclassée.

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C’est une page qui se tourne dans l’histoire du sport automobile français, mais aussi régional. Ce lundi, la direction de Renault a acté la fin de la fabrication de moteurs destinées à la Formule 1.  

Une histoire longue de 47 ans vient de prendre fin et qui a pour victime collatérale l’usine Mécachrome d’Aubigny-sur-Nère (Cher). L’entreprise est associée à Renault depuis de longues années. Elle était en charge de la fabrication d’une partie des pièces, de l’assemblage et du test des blocs moteurs d’Alpine.  

Des équipes sous le choc

Alors à l’annonce de la nouvelle, c’est toute profession qui est sous le choc raconte Stéphane Carré, délégué syndical Force ouvrière, “il y en a qui était en larmes. Ils étaient en larmes” répète-t-il inlassablement. “Un gros coup de massue très difficile à encaisser” résume Maxime Sauvé qui occupe le même poste à la CFDT. 

L’information leur a été communiquée par Chris Cornille, le PDG du groupe qui a exceptionnellement fait le déplacement auprès de ses équipes dans le Cher.  

Ça a été un vrai déchirement d’annoncer cette nouvelle. On est dans un monde de passionnés de sport automobile. C’est extrêmement difficile.

Chris Cornille, PDG de Mécachrome

Il a lui-même été informé de la décision de Renault le matin même : “Émotionnellement, c'est assez prenant d’autant plus que nos hommes et nos femmes sont très attachés à cette activité. On est dans un monde de passionnés de sport automobile. C’est extrêmement difficile” explique-t-il longuement. 

Une annonce pressentie

Ce coup de massue pour l’entreprise n’est en réalité pas une surprise. Depuis plusieurs mois, la rumeur courrait. L'équipe française Alpine pourrait quitter Renault son motoriste depuis près de 50 ans pour s’engager avec Mercedes. “Ce genre de rumeur qui tombe dans la presse spécialisée ce n’est pas anodin” conçoit Maxime Sauvé. 

Plusieurs mobilisations : rassemblements, grèves ont même été organisées par les salariés de la marque au losange, à Aubigny-sur-Nère et bien sûr à Viry-Châtillon, l'usine principale d’Alpine dans l’Essonne.  

On ne nous a pas donné la chance de montrer ce qu’était capable de faire le nouveau moteur avec la réglementation.

Maxime Sauvé, délégué syndical CFDT Mécachrome

Jusqu’à ce lundi, rien n’était donc encore officielle, et l’espoir d’un retournement de situation toujours possible.  

Mais le projet, vient de se transformer en décision définitive : “On s’y attendait oui mais ça reste un coup de massue. Tous les gens à Aubigny parlent de ça. La Formule 1, c’est vraiment l’image de la ville.” explique le délégué syndicale FO, quand celui de la CFDT regrette une chose : “On ne nous a pas donné la chance de montrer ce qu’était capable de faire le nouveau moteur avec la réglementation.” 

Un arrêt immédiat de l’activité 

Ce “choc” est accentué par l’arrêt immédiat de l’activité “arrêt du moteur R26 ce jour ; arrêt de l’assemblage et de montage du moteur R25 ce jour” énumère un communiqué transmis par les organisations syndicales. 

On va essayer de réagir, de s’adapter le plus vite possible à cette nouvelle situation.

Chris Cornille, PDG de Mécachrome

Une situation que n’avait pas anticipé l’entreprise. “Depuis un mois, on travaillait sur de nombreux scénarios mais on n'avait pas imaginé celui-là, c’est-à-dire un scénario à si court terme", confie le PDG qui souhaite avant tout de chose confirmer le terme “d’immédiateté”.

“Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce qu’on a plus aucun moteur à assembler ou nous en reste -t-il un ou deux ?” se questionne t-il.

Pas de licenciements mais des reclassements 

Une précision importante car les conséquences de cet arrêt vont être majeures. Une quarantaine de salariés sont directement impactés par cet arrêt brutal d’activité.  

Aucun licenciement économique n’est pour l’instant envisagé parmi les salariés permanents, une “priorité” pour Chris Cornille. En revanche, l’usine pourrait se séparer “très vite” de ses personnels intérimaires ainsi que de ses prestataires, bien que rien ne soit encore acté. 

Pour les titulaires, l’option privilégiée est de proposer un reclassement au sein de l’usine ou ailleurs.

C'est la fuite d’un savoir-faire, de compétences et de talents

Stéphane Carré, délégué syndical Fo Mécachrome

Les salariés concernés pourraient ainsi retrouver un emploi dans le secteur de l’aéronautique, la branche principale de l’entreprise. “Des gens qu’on va perdre, car c’est un vrai changement de métier pour ces passionnés” dénonce Stéphane Carré qui regrette dans le même temps “une fuite d’un savoir-faire, de compétences et de talents.”  

L’avenir du secteur automobile de Mécachrome en question 

L’attractivité de l’entreprise pourrait ainsi être remise en cause, d’autant plus que son avenir est lui aussi incertain. L’impact sur le chiffre d'affaires “va être important”, il représenterait entre 17 % et 20 % actuellement selon Force ouvrière.  

Mais ce qui inquiète aussi bien la direction, les organisations syndicales que les salariés c’est l’avenir de l’activité automobile de Mécachrome qui représente aujourd’hui  "15 à 20%" du personnel selon la CFDT. 

Car l’entreprise produit aussi des moteurs pour la Formule 2 (F2) et la Formule 3 (F3) - considérées comme l’antichambre de la Formule 1 - ainsi que pour le Wec Endurance (24h du Mans).

Des activités qui pourraient se retrouver “déstabilisées” selon la direction.

Alpine c’était 50 % de notre activité automobile sur Aubigny. On divise par deux le chiffre d'affaires car ces activités étaient indépendantes.

Chris Cornille, PDG de Mécachrome

On va donc avoir des machines, des ateliers de libres qui ont un coût qu’on va devoir dévaluer pour les autres activités de sport automobiles.” nous détaille le PDG. 

D'autres activités convoitées

Et ces activités attirent déjà les convoitises selon les syndicats “On a voulu nous prendre ces marchés-là aussi” assure Stéphane Carré qui cible le site de Viry-Châtillon, dépourvu lui aussi de ses habituelles activités et qui deviendra un “centre d’excellence de l’ingénierie et de haute technologie”.

“Heureusement, nous sommes propriétaires du moteur et ce ne sont pas des contrats Alpine” explique-t-il tout en assurant “rester vigilant à ce qui se passera par la suite.” 

La direction compte demander à certains de ses clients “d’augmenter les contrats” qui les lient. Des négociations qui s’annoncent “difficiles” mais nécessaires pour traverser cette crise qui secoue Mécachrome, liée à Renault depuis 1977. Date à laquelle l’écurie est entrée en Formule 1. 

Une longue et belle histoire qui se solde par 12 titres de champions du monde, et que l’arrêt brutal de l’activité, ne pourra jamais éclipser.  

 

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