Le 11 février 2005 était adoptée la loi pour pour "l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées". Dix ans plus tard, les associations jugent les avancées dans le quotidien de ces populations encore trop timides.
Lieux publics inaccessibles, aides techniques et humaines trop coûteuses... les associations de personnes handicapées dressent un bilan amer de l'ambitieuse loi de 2005, qui devait leur assurer "égalité des droits et des chances", à l'occasion de ses dix ans. "Nous sommes encore loin du compte", assène l'Association des Paralysés de France (APF), affirmant que les personnes handicapées "sont toujours considérées comme des citoyens de seconde zone". Selon l'Insee, 9,6 millions de personnes sont concernées au sens large par le handicap.
La loi du 11 février 2005 "pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées" devait donner à chacun la possibilité de choisir son projet de vie. Principale loi sur le handicap depuis 1975, elle visait à rendre les lieux publics et transports accessibles dans un délai de 10 ans, soit au 1er janvier 2015. Elle a aussi créé un droit à compensation, permettant la prise en charge par la collectivité de dépenses liées au handicap.
Elle comportait des mesures pour l'intégration scolaire et l'insertion professionnelle et, dans un souci de simplification administrative, a créé les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), guichet unique pour toutes les démarches. "A partir du moment où dans un texte de loi on est très ambitieux, il est rare qu'au bout de dix ans on ait tout réalisé", tempère Jean-Louis Garcia, président de l'Apajh (fédération des Associations pour adultes et jeunes handicapés). Il estime qu'"il faut faire vivre cette loi dans tous ses potentiels, qui sont considérables puisque le texte balaie tout le trajet de vie".
Plus virulent, le président de l'APF, Alain Rochon, estime que "tout reste à faire. Ce qui nous inquiète est qu'on détricote cette loi de 2005, plutôt que de la conforter". Premier motif de colère, les délais supplémentaires (trois à neuf ans) accordés par le gouvernement pour rendre les établissements recevant du public (ERP) et les transports accessibles à tous. En effet, en raison du retard accumulé depuis 2005, seulement 40% des ERP sont aujourd'hui accessibles.
Le gouvernement plaide le pragmatisme et fait valoir que le délai supplémentaire sera limité à trois ans maximum pour "80% des établissements", mais plusieurs associations, rendues furieuses notamment par les possibilités de dérogation, ont saisi le Conseil d'Etat.
Malgré les bonnes volontés, les établissements recevant du public ne sont pas toujours en capacité d'effectuer les aménagements nécessaires. Une de nos équipes a suivi Esteban Verdière, chargé d'effectuer des diagnostics d'accessibilté dans les entreprises et d'accompagner celles-ci dans leurs démarches.
Reportage de Matthieu Bellinghen et Carole Lefrançois
Intervenants:
- Esteban Verdière, coach Autonomy
- Patricia Nativelle, restauratrice
A l'occasion du dixième anniversaire de la loi handicap, un collectif de 26 associations représentant les personnes handicapées (APF, Unapei ...) a commandé un sondage sur les difficultés rencontrées par cette population au quotidien. Celui-ci montre que montre que seuls 52% des personnes handicapées interrogées estiment que leur situation s'est "plutôt" ou "beaucoup" améliorée depuis la loi handicap du 11 février 2005. 26% jugent qu'elle est restée stable et 22% qu'elle s'est dégradée.